Intervention divine
Divine Intervention - Yadon ilaheyya
Elia Suleiman
Sélection Officielle
Prix du Jury
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Intervention divine est, sans doute, le meilleur film du cinéma palestinien, depuis le remarqué Noce en Galilée (1987). Œuvre militante mais sur un ton semi-burlesque voire poétique, qui n'est pas sans rappeler les univers de Jacques Tati et Otar Iosseliani, c'est une succession de saynètes fantaisistes et délicieusement absurdes. Ce sont des enfants coursant le Père Noël tandis que leurs parents jettent leurs détritus chez des voisins ; c'est une vie sentimentale entre deux amants, réduite à des caresses furtives sur le parking d'un des points de passage entre Ramallah et la Ville Sainte. C'est surtout une baudruche à l'effigie de Yasser Arafat, planant au-dessus de Jérusalem, et symbole de la résistance à l'occupant israélien, permettant aux amoureux de rompre avec la routine de leur vie quotidienne...
Elia Suleiman, réalisateur et interprète du rôle principal, excelle à peindre une société palestinienne perpétuellement sous tension, dont les membres ne cherchent qu'à transférer sur leurs pairs l'humiliation subie par les occupants.

Préférant l'univers de la comédie et du cartoon à celui de la haine et de la violence, le cinéaste nous transporte dans un univers fantasmatique où les Palestiniens règlent leurs comptes avec les Israéliens par le biais d'armes insolites, tels ces noyaux d'abricot en guise de grenades. Une « ninja » palestinienne venant à bout d'un hélicoptère dans un final chorégraphique sera le sommet de la dérision et de la fantaisie héroïque.
Un journaliste faisait à juste titre remarquer que la planète ne serait pas moins humaine si David Lynch, Amos Gitai et Elia Suleiman avaient remplacé respectivement George W. Bush, Ariel Sharon et Yasser Arafat. Cinéaste humaniste et artiste intègre, Suleiman ne saurait qu'apprécier le compliment.

Gérard Crespo


1h40 - Palestine - Scénario et dialogues : Elia Suleiman - Images : Marc André Batigne - Musique : Mirwais, Natasha Atlas - Montage : Véronique Lange - Décors : Moguel Markin - Interprètes : Elia Suleiman (E.S.), Manal Khader (La femme), Nayef Fahoum Daher (Le père de E.S.).

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