Cache cache
Yves Caumon
Quinzaine des réalisateurs
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Quatre ans après l’envoûtant Amour d’enfance, Yves Caumon reste fidèle au milieu rural, mais, si l’équation passé/présent revient en force, c’est cette fois dans une facture qui donne la prééminence à l’humour. Frédérique et Caroline, surtout Caroline, ont le coup de foudre pour une vieille mais belle bâtisse, avec pigeonnier du XVIIIe, dont l’agent immobilier leur révèle qu’elle n’a pas été habitée depuis trente-deux ans. Un charme de plus à l’affaire, qui cependant implique de sérieux travaux de restauration.
Grands chambardements révolutionnant le mode de vie d’un résident clandestin, repérable uniquement côté spectateur, que l’on appellera le fantôme. C’est en tout cas ainsi que l’ont identifié les deux jeunes enfants du couple (craquants à souhait) qui, désespérant de faire entendre “raison” à leurs parents, tenteront par objets interposés de révéler l’incongrue présence de celui qui a dû se résoudre à devenir l’habitant du puits. Sans succès.
L’altérité qui s’insinue entre le couple prendra bien du temps à endosser une explication salutaire, mais quelque peu tardive.

Car l’invraisemblable détournement de ce qui constitue son environnement quotidien, aura finalement raison de la santé psychique de Caroline, au départ d’un naturel plutôt jovial, à l’instar de toute la famille, qui ente autres se délectait à décliner chaque matin un enjoué chant du coq.
La fable que nous conte Yves Caumon révèle d’un bloc le fossé qu’ont pu creuser quelque trente ans de civilisation, et ce sont justement ici les objets qui en sont les messagers. Les couleurs vives et acidulées ont pris la place de la douceur et des pastels d’antan, l’époque où se pratiquait l’agriculture semble remonter à des temps immémoriaux. Dans cet univers où la communication se prétend omniprésente, un homme qui n’a jamais pu pratiquer la parole tente de survivre.
Les yeux de ce fantôme ­ interprété par un formidable Bernard Blancan ­, constamment hébétés de surprise autant que de peur donnent la mesure de la grande faille qu’ont creusé ­ en bien ou en mal ? ­ un finalement tout petit laps de temps dans un monde que de toute évidence fort peu de chose arrive à déstabiliser profondément.

Marie-Jo Astic


1h35 - France - Scénario : Yves Caumon, Emmanuelle Jacob - Photo : Josée Deshaies - Décors : Jacques Bufnoir - Son : François Méreu - Musique : Pascal Le Pennec, Thierry Machuel - Montage : Sylvie Fauthouxí - Interprétation :Antoine Chappey, Lucia Sanchez, Bernard Blancan

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