Match Point
Woody Allen
Sélection officielle
Hors compétition

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« Celui qui a dit “Il vaut mieux avoir de la chance qu’être doué” était un visionnaire. »

C’est la voix de Chris Wilton, héros de Match point, qui introduit le film, et une tranche de sa vie, celle de tous les possibles, qui nous est contée.
Dans cette géniale comédie dramatique, Woody Allen ­ qui s’est auto-mutilé d’une palme d’or pour n’avoir pas souhaité présenter son film en compétition ­ décline avec virtuosité le thème de la chance/malchance, associé à celui de l’angoisse très vite envahissante à la moindre perte de contrôle d'une situation.
Chris, donc, de condition très modeste, se fait embaucher comme professeur dans un club de tennis fréquenté par le gotha londonien. Il dispense en particulier son enseignement à Tom Hewett, duquel une passion commune pour l’opéra le rapproche.
Ils deviennent amis et Chris fait connaissance de Chloe, la sœur de Tom, que, de sorties culturelles branchées en promenades au château, il ne va pas tarder à séduire, tout en gardant un œil fort intéressé par Nola, la jeune fiancée américaine de Tom, comédienne en mal de réussite.
Même si elle ne dit pas son nom, la fracture sociale s’est donc insidieusement mise en place. Chris et Chloe, Tom et Nola… il fut un temps pas si lointain où l’on aurait parlé de mésalliance, ce dont ne se prive d’ailleurs pas Mrs Hewett vis-à-vis de la “pièce” que lui rapporte son fils.

Chris, plus doué, moins honnête, moins franc, parviendra à se faire totalement adopter par la famille, à épouser la dot de Chloé et devra cependant s’évertuer à lui faire l’enfant qu’elle désire tant. Il a tout, un tout qui l’étouffe rapidement. Mais il a aussi la seule chose qu’il ne devait pas avoir : une irrésistible attirance pour Nola.
Chloé aura beau élaborer tous le projets de fécondité du monde, il reste que pour cela il faut être deux, et pour l’instant Chris est ailleurs.
C’est tout l’art ­ ici à son apogée ­ de Woody Allen de balader le spectateur, lequel perdant toute maîtrise du récit finit par être gagné par l’angoisse (CQFD), absolument là où il veut : de situations comiques en paroxysmes dramatiques, de scènes sensuelles en cavales exténuantes, jusqu’au génial numéro burlesque des enquêteurs de Scotland Yard, c’est le tout ou rien qui règne en maître, oui ou non, blanc ou noir, excluant pur une fois toute nuance parasite.

Marie-Jo Astic


2h04 - USA - Scénario, dialogues : Woody Allen - Photo : Remi Adefarasin BSC - Décors : Jim Clay - Montage : Alisa Lepselter - Interprétation : Scarlett Johansson, Jonathan Rhys Meyers, Emily Mortimer, Matthew Goode, Brian Cox, Penelope Wilton.

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