Les Lumières du faubourg
Lights in the Dusk
Laitakaupungin Valot

Aki Kaurismäki
Sélection officielle

très content

les lumières du faubourg

« Fidèle comme un chien, un idiot romantique »

Les Lumières des faubourg achève la Trilogie des perdants, après Au loin s’en vont les nuages et L’Homme sans passé, et reprend le thème de la solitude, extrême, douloureuse, jusqu’au-boutiste, sans échappatoire et, Karismäki obige, sans sensiblerie.
Dans une sombre banlieue d’Helsinki, Koistinen, homme sans prénom, est vigile pour le compte d’une surface commerciale et croise une femme trop belle et trop blonde, appât idéal pour proie facile, qu’un caïd local et sa bande placent sur la route de son mal de vivre. Avec comme habituel corollaire et amie intime la violence, l’histoire de cet homme qui n’est déjà plus que l’ombre de lui-même tournera mal, bien sûr est-on tenté de dire. Mais entre temps, grâce à cette rencontre avec Mirja, il aura vécu une manière de conte, même si sa fée s’avèrera plus Carabosse que Clochette.


Les mots manquent pour dire la force des images qui mettent en scène avec une extrême retenue ce laissé pour compte de la vie. Lui qui, malgré les fatalités, voudrait y croire encore et s’accroche à son rêve de toutes ses forces, mais surtout de toute son humilité et de toute sa dignité : celle, entre autres, où il attend que Mirja, invitée à boire un café, frappe à sa porte, assis bien droit à sa table, décorée d’un œillet planté dans une petite bouteille de bière en guise de vase, et des brioches, « toutes fraîches » lui précisera-t-il dès qu’elle sera arrivée.
En achevant sa peinture du dénuement le plus absolu et en montant d’un degré de plus dans la cruauté du monde, Kaurismäki continue d’égrener sa petite musique, insidieuse et entêtante, de paysages sans horizon, dont lui seul maîtrise parfaitement la partition.

Marie-Jo Astic


1h20 - Finlande - Scénario, dialogues : Aki Kaurismäki - Photo : Timo Salminen - Décors : Markku Pätilä - Son : Jouko Lumme, Tero Malmberg - Interprétation : Janne Hyytiäinen, Maria Järvenhelmi, Ilkka Koivula, Maria Heiskanen.

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