Nos retrouvailles
de David Oelhoffen

Semaine internationale de la critique





Ce n’est qu’un au revoir, papa

C’est décidément un thème récurrent chez David Oelhoffen. Pour son premier long métrage, Nos Retrouvailles, il aborde le thème complexe des relations père-fils. Cette fois-ci, un père déchu, incarné par Jacques Gamblin, qui vient chercher en son fils qu’il n’a plus vu depuis longtemps son dernier espoir, son dernier moyen de s’en sortir. Son fils Marco incarné par Nicolas Giraud, mène une vie simple et sans décor, entre la plonge dans une cantine et la boxe, où il extériorise ses sentiments, où il apprend mieux à recevoir les coups qu’à les donner.
Avec beaucoup de talent, le réalisateur nous montre ces deux personnages qui ont besoin l’un de l’autre, qui puisent en l’autre ce qui leur manque. Par des jeux de gros plans successifs, on se penche sur les mimiques et expressions de chaque individu, nous rapprochant d’eux, s’attachant à leurs êtres simples et touchants.


Mais ce qui fait la réussite de ce film ne réside pas tant dans la relation entre Gabriel et son fils que dans l’habileté du réalisateur à matérialiser la césure des modèles, voire des idéaux, et la difficulté de se détacher d’un père ou de détacher le père de son fils. Oui. Car ici, c’est le père qui a besoin de son fils pour se raccrocher à la vie. Cela va permettre à Marco de prendre son envol, de rompre avec son enfance. Nos Retrouvailles évoque ce désir de grandir et de s’affranchir, pour rentrer dans l’âge adulte.
Ce film montre des scènes de la vie quotidienne, un jeu de musique restreint, conférant aux scènes leur rythme saccadé. Les comédiens brillent dans leurs rôles respectifs. Ce film est ponctué par des scènes pudiques et silencieuses, où rien ne se passe, rien que la vie banale. Une performance tant pour les acteurs que pour le réalisateur. Au final, une œuvre au ton de prime abord pessimiste qui nous délivre un message résolument optimiste.

Anatole Tomczak
Clément Petitmangin
LFA - Buc


bof
Violence des échanges en milieu familial

David Oelhoffen, brillant réalisateur de ce long métrage, filme avec maîtrise et justesse les retrouvailles entre un fils et son père. Cette rencontre leur permettra de se (re)découvrir, de s’aimer et de se haïr. L’histoire est simple, dénuée de tout artifices, tant dans la réalisation que dans l’interprétation de l’acteur Nicolas Giraud.
La beauté du film réside dans cette intensité et cette sobriété comme dans une tragédie. Au lieu de s’étendre dans de vains effets, David Oelhoffen se pose au plus près des protagonistes. Il capte les mouvements intérieurs qui agitent l’esprit du jeune Marco nous les faisant ressentir en particulier par des gros plans. Mélangeant drame et polar, Nos Retrouvailles n’est jamais larmoyant. La musique est utilisée au compte-goutte de manière à distiller l’émotion.


La fin, loin d’être surprenante, nous bouleverse par sa violence, son épuration et son humanité. David Oelhoffen à travers le portrait de Marco qui devra apprendre à devenir un homme en se détachant de son père, ne laisse pas le spectateur indemne.
Jacques Gamblin, jamais dans le cabotinage, campe un père faible, perdu qui extériorise ses émotions. Face à lui, Nicolas Giraud tout en pudeur et en silences, réussit un coup de maître : il se détache de l’interprétation de son partenaire pour nous livrer une prestation magistrale. Un nom à retenir, sans l’ombre d’un doute.

Elodie Balaguer
Manon Fumagalli
Lycée Bristol - Cannes


bof
Nos Retrouvailles : des espoirs…

Gabriel, père irresponsable, débauché, absent, bouleverse la vie de son fils Marco, jeune homme seul, rangé et sans grande ambition. Gabriel a donc la grande idée de racheter un bar dans lequel il pourrait travailler avec son fils, histoire de rattraper le temps perdu ; reste à trouver les fonds… Marco se voit alors embarqué dans une histoire louche (merci papa) à laquelle il ne peut renoncer : l’amour qu’il porte à son père le forçant à agir.
Ce thème, que certains pourraient trouver classique, est sublimé par la réalisation de David Oelhoffen. Il nous propose un film riche, excellemment bien tourné. En effet, la caméra intimiste insiste sur les visages et regards par des gros plans et très gros plans : tout est dans l’émotion.


Les spectateurs se retrouvent embarqués dans cette relation intense, tenus en haleine par des acteurs tout simplement resplendissants. Le choix du réalisateur d’épurer le film au maximum est subtil. Ainsi, la musique n’est présente que lorsque le décor l’exige (boîtes de nuit, voiture…). Cela rend ce long métrage réaliste, et d’autant plus fort.
Pari réussi pour David Oelhoffen qui instaure un climat d’instabilité où règnent de puissantes tensions.
Nicolas Giraud et David Oelhoffen sont donc à suivre : deux beaux espoirs pour le cinéma français…

Morgane Duval
Emma Veran
Lycée Carnot - Cannes


bof
Retrouvailles et découvertes

Pour son premier long métrage, David Oelhoffen choisit un des thèmes « classique » du cinéma, à savoir les relations entre un père et son fils .Mais à la différence de beaucoup, le jeune réalisateur le fait d’une manière très personnelle, établissant clairement sa vision. On sent nettement que le film a été pour une grande partie construit dès l’écriture du scénario, avec e parfaite définition des psychologies des personnages, ainsi qu’une description exacte de ce que Oelhoffen voulait filmer .Rien n’est laisser au hasard, et le tournage est l’illustration de cet état d’esprit : le réalisateur fait preuve d’une immense maturité quant à la direction d’acteurs, puisque ceux-ci arrivent parfaitement à rendre naturelles les émotions qu’ils jouent, exercice d’autant plus difficile puisque les personnages sont très souvent filmés en gros plan. Ces gros plans très nombreux déboussolent le spectateur, qui voit évoluer les personnages, sans pour autant pouvoir les situer dans l’espace, ou identifier des repères géographiques.


Oelhoffen filme de manière très mature, très posée, en utilisant beaucoup les raccords du type cut, méthode certes un peu rude pour les yeux, mais qui illustre très bien cette tension lancinante du film. L’absence de bande originale découle de ces raccords cut : l’ambiance de chaque scène, son atmosphère, est uniquement établie par le jeu des acteurs, notamment des regards, ce qui rend dès lors toute bande originale superflue, performance assez exceptionnelle.
Polar qui n‘est pas véritablement polar, Nos retrouvailles est une très belle illustration du talent de ce jeune réalisateur qu’est David Oelhoffen, qui arrive à faire preuve d’une très grande maturité pour son premier long métrage. Il s’agit là sans conteste d’un futur grand réalisateur, et les quelques petites maladresses sont aisément pardonnables.

Roig Arthur
Periot Antoine
Lycée d’Arsonval


bof

Nos retrouvailles est un film français de David Oelhoffen. Ce dernier réalise ici son premier long-métrage, thriller aux allures de film noir ou le thème universel des relations père/fils se dessine en fait comme le sujet principal.
Quel est le prix de l’amour et de ces retrouvailles ? C’est sûrement ce qu’a dû se demander Marco, admirablement joué par Nicolas Giraud qui voit revenir dans sa vie, simple accumulation de la banalité des instants, son père. Un père (Jacques Gamblin), qui résiste difficilement au poids du passé, du présent, et qui reste démuni face au futur qui s’ouvre devant lui.
David Oelhoffen nous offre ici le chemin ambigu qui parcourt la vie de deux protagonistes. Marco doute : sa raison tente de briser l’espoir que l’illusion grave dans ses pensées face à cette vie de débauche et mensonge qu’incarne son père.
Malgré l’évidente séparation des deux personnages caractérisés par les nombreux champs contre champs et la présence tour à tour des personnages dans les plans, on ressent cette part d’amour et d’humanisme de Marco, cette fragilité et cet instinct de persuasion de son père rendu grâce à la réunion des deux personnages dans un même cadre., dans la symbolique des gestes comme lorsque Gabriel propose une cigarette à son fils, ce qui n’est pas sans rappeler le début de Quai des brumes de Carné.


Confusion des sentiments pour Marco, il suit son père, initiateur aux allures de Méphistophélès, le faisant découvrir les plaisirs de la nuit comme dans Vivre de Kurosawa. Et puis tout se brise, c’est le quotidien qui reprend sa marche, travail et solitude, boxe et implosion. La boxe prend ici la place d’un élément salvateur, poésie qu’on retrouve notamment dans City d’Alessandro Barrico.
Au-delà de cette relation inversée et ambiguë où l’adulte fragile et abattu se retourne vers un fils qui lui offre son soutien, on trouve en réalité le sujet de ce thriller. Comme les célèbres Mac Guffin d’Hitchcock, on apprend en réalité l’une des raisons pour lesquelles le père vient chercher main forte vers son fils. Mais cela reste qu’un fait qui ne prend pas une place prépondérante dans l’histoire…
C’est un fil conducteur simple, peut être un peu trop fade, porté par le talent des acteurs et le cadrage permettant au sens et à l’ambiance de se forger une place, qui tente de construire une toile au contour un peu flou. Des éléments se perdent en route, et quelques personnages sont placés là comme des points de suspension… Le spectateur serait-il finalement ce chercheur de vérité au travers d’une toile dont certaines couleurs lui semblent inconnues.

Elodie Moreau
Lycée d'Arsonval


1h39 - France - Scénario : David Oelhoffen - Photo : Lubomir Bakchev - Décors : Philippe Jacob - Musique : - - Montage : Sophie Bousquet-Foures - Son : Jérôme Aghion - Sébastien Noiré - Emmanuel Croset - Interprétation : Nicolas Giraud, Jacques Gamblin, Gérald Laroche, Jacques Spiesser, Marie Denarnaud.

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