Le complexe du castor
The Beaver
de Jodie Foster
Sélection officielle
Hors compétition



Sortie en salle : 25 mai 2011




« Je suis le castor et je suis là pour sauver ta putain de vie »

Après une si longue absence en tant que réalisatrice et vingt ans après Le Petit Homme, Jodie Foster était invitée sur la Croisette pour présenter hors compétition The Beaver (Le Complexe du castor), pour lequel elle confie le rôle principal à Mel Gibson, offrant en cela une sorte de rédemption autant à l’acteur Gibson qu’au personnage Walter, le second nous rendant le premier beaucoup plus sympathique qu’il ne l’était jusqu’à présent.

Dans la famille Black, Jodie Foster joue Meredith, l’épouse d’un couple quelque peu délabré – et même séparé – pour cause d’énorme déprime de Walter, dirigeant d’une grosse entreprise de jouets, dont les résultats commencent également à souffrir des états d’âme et de l’apathie du big boss. Valeurs, certitudes, confiance en l’avenir, fierté du chemin parcouru pendant toutes ces années… Walter ne croit plus en rien. Tout s’achète et se vend, à l’image du commerce que son fils Porter fait de son savoir, tout est feint, tout est médiocrité et mensonge, tout est à revoir de A à Z. Les dés sont pipés, tout foire. Walter rate tout, même son suicide.

Mais… là dans une poubelle de la cour de la firme, un castor en peluche, façon marionnette de ventriloque, et mis au rebut le prend à parti, l’engueule, l’enjoint de se secouer, lui suggère que l’autre Walter qui est en lui, le winner, n’est pas tout à fait mort.

Et le bestiau lui emmanche le bras gauche et va se charger de mettre les distances nécessaires entre lui et les aspects négatifs de sa personnalité. Muni de ce nouvel appendice, peu discret et très disert, et par lequel toute communication avec le monde extérieur va désormais passer, Walter réinvestit l’univers familial et professionnel, créant des situations pour le moins surréalistes et génératrices des réactions les plus diverses dans son entourage. Il reprend la vie commune avec Meredith, prête à supporter cette passade dans la mesure où l’état psychique de son mari semble nettement s’améliorer. Le binôme Walter-Beaver relance également les profits de l’entreprise. Jusqu’à ce que l’alter finisse par envahir dangereusement l’ego. Avant de se faire dévorer tout cru, Walter devra frapper un grand coup…

À la greffe de castor, se greffe également en second plan l’histoire de Norah, amie de collège de Porter, qui in fine reprend dans son discours de fin de diplôme le propos principal sur les mensonges de la vie (« Le ça va aller ne marche plus ») et vient ainsi s’inscrire en contrepoint d’un happy-end décevant puisque la réalisatrice renie par là ce qu’elle avait initié : une remise en question du monde tel qu’il va et continuera donc d’aller.

Marie-Jo Astic


1h40 - Etats-Unis - Scénario : Kyle KILLEN - Interprétation : Mel GIBSON, Jodie FOSTER, Jennifer LAWRENCE.

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