Jeanne captive
Breathing
de Philippe Ramos
Quinzaine des réalisateurs
palme

Sortie en salle : 28 décembre 2011




« Tombée du ciel »

De l’automne 1430 au printemps 1431, la Jeanne de Philippe Ramos est, après le dernier combat livré au siège de Compiègne contre les Bourguignons, celle de la rétention au château de Beaurevoir, de son rachat par les Anglais, puis de l’enfermement sous la garde de Pierre Cauchon et du procès à Rouen.

Plus qu’à une tranche d’histoire, le réalisateur s’attache au doute qui, remplaçant les « voix » qui se sont tues, intime à Jeanne l’ordre de mettre fin à sa route. Abandonnée du roi et de Dieu, elle se jette des remparts après en avoir demandé pardon. Philippe Ramos focalise également son sujet sur la fascination qu’elle a pu opérer sur les hommes qui ont eu à l’approcher, mise en valeur par la distanciation avec laquelle Clémence Poesy intériorise ce rôle difficile. Et en particulier à ce médecin (interprété avec une grande subtilité par Thierry Frémont) auquel, alors qu’elle n’a été que grièvement blessée, le maître des lieux donne quinze jours pour rendre


la prisonnière à nouveau négociable et transportable. Il lui faudra apprivoiser le corps d’abord, puis l’esprit emmuré dans un mutisme persistant et réfractaire à toute tricherie.

Le transfèrement vers Rouen, au cours duquel les « voix » reviennent enfin face à la mer devenue silencieuse, sert d’intertitre au second volet du film où Jeanne, de geôle en salle de tribunal, est désormais en paix avec elle-même, prête à accepter toutes les humiliations et les pièges procéduriers, à se parjurer et appelle la mort de ses vœux.

Bel ouvrage, sérieux, rigueur : la facture de Jeanne captive est d’un tel académisme, le jeu des acteurs d’un tel classicisme, que les très courtes prestations de Jean-François Stévenin, mais surtout de Mathieu Amalric en prophète illuminé semblent presque appartenir à un autre film. Le propos de Philippe Ramos n’en reste pas moins opérant puisque sa Jeanne ne se départit jamais de cette étrangeté et de cette unicité, qui continuant d’entretenir le mythe, ajoutent une pierre supplémentaire à l’édifice consacré depuis toujours par les auteurs et artistes au personnage.

Marie-Jo Astic


1h32 - France - Scénario : Philippe RAMOS - Interprétation : Clémence POESY, Mathieu AMALRIC, Louis-Do de LENCQUESAING, Jean-François STEVENIN, Thierry FREMONT, Bernard BLANCAN.

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