J'enrage de son absence
de Sandrine Bonnaire
Semaine internationale de la critique
Séance spéciale


Sortie en salle : 31 octobre 2012




Mon oncle d'Amérique

Après dix ans d'absence, Jacques ressurgit dans la vie de Mado, aujourd’hui mariée et mère de Paul, un garçon de sept ans. La relation de l’ancien couple est entachée du deuil d’un enfant. Alors que Mado a refait sa vie, Jacques en paraît incapable et lorsqu’il rencontre Paul, c’est un choc. La complicité de plus en plus marquée entre Jacques et Paul finit par déranger Mado qui leur interdit de se revoir. Mais Jacques ne compte pas en rester là...

Après Elle s'appelle Sabine, poignant documentaire autobiographique, Sandrine Bonnaire passe à la fiction mais continue d'explorer les méandres des rapports familiaux. Aux relations entre deux sœurs succède ici le malaise d'un enfant n'ayant pas connu son demi-frère et trouvant un père de substitution avec ce faux oncle d'Amérique. L'actrice passée à la mise en scène retrouve au détour de certaines séquences la grâce des premiers films de Nicole Garcia.


Le père doublement endeuillé et désœuvré pourrait être d'ailleurs un lointain cousin de la mère borderline incarnée naguère par Nathalie Baye dans Un week-end sur deux ; Bonnaire maîtrise l'art des non-dits, déjouant tous les pièges d'un scénario lacrymal qui aurait pu mener aux pires excès. En même temps, le film manque paradoxalement de débordements dans ce qui s'apparente à la sagesse d'un certain cinéma français délimité par le périmètre bienséant des films de Téchiné, Sautet ou Doillon, cinéastes respectables au demeurant, et qui ont tous les trois dirigé l'actrice-réalisatrice. L'enfant est magistralement dirigé et William Hurt, non doublé, aux faux airs de Michel Bouquet et Bernard Lecoq réunis, trouve l'un de ses meilleurs rôles de maturité. Il avait déjà été le partenaire de Sandrine Bonnaire dans Prague (I. Sellar, 1992), et il est dommage que l'actrice n'ait pas choisi d'incarner elle-même Mado : le reste de la distribution manque en effet de charisme et on peut regretter que Bonnaire n'ait pas puisé dans le foisonnant vivier des bons comédiens français pour composer son casting des premiers et seconds rôles.

Gérard Crespo



1h38 - France, Belgique, Luxembourg - Scénario : Sandrine BONNAIRE, Jérôme TONNERRE - Interprétation : William HURT, Alexandra LAMY, Augustin LEGRAND, Jalil MEHENNI.

ACCUEIL

RETOUR A LA LISTE DES FILMS