Le Démantèlement
de Sébastien Pilote
Semaine internationale de la critique
Prix SACD


Sortie en salle : 4 décembre 2013




Tout ça va s’replacer…

Contrairement à ce qu’indique son titre, Le Démantèlement est un film qui tend à reconstruire, à faire que résiste un cinéma en voie de disparition : facture classique, décors naturels, 35 mm (le dernier développé chez Technicolor à Montréal), le ton de Sébastien Pilote est clairement à la nostalgie.
Il met en scène une figure de père, a beautiful loser, une masse d’homme, campé par un Gabriel Arcand magnifique de pudeur, dignité et humanité.

Dans l’immensité canadienne, Gaby dirige sa ferme et élève ses agneaux, regrettant les visites trop rares de ses filles, installées à la ville et peu enclines à prendre la succession de son exploitation. Elles nous sont présentées en diptyque, séparément, comme le sont les autres personnages, son pote Louis, son ex-femme Françoise…, qui composent les restes de son environnement social morcelé.

Marie est l’aînée, qui annonce à son père qu’elle se sépare de Steve, son mari, et veut lui racheter sa part de l’appartement citadin. Sorte de père Goriot, taiseux mais trop aimant, Gaby lui promet de trouver une solution. Devant le refus de la banque de lui consentir un prêt, il se résout à une première vente aux enchères des bêtes et des vieux équipements. Une seconde suivra avec le démantèlement complet de la ferme, celle-là même qui devait régler tous les problèmes et les a au contraire créés, le rendant esclave du travail, des bêtes, de la terre, l’isolant de sa famille.
À présent, comme le dit Louis, voici Gaby comme « un vieux niaiseux de 63 ans qui cherche un appartement » forcément trop petit pour lui, qui va devoir faire le deuil de ses grands espaces et de son fidèle chien.
Les tête-à-tête avec Frédérique, la cadette, tout en silences et en tendresse, semblent pourtant lui murmurer que peu à peu autre chose est à rebâtir.

Avec force et élégance, Le Démantèlement figure la charnière entre l’impossibilité de la transmission et la possibilité retrouvée de l’échange et du partage.

Marie-Jo Astic


 

 


1h51 - Canada - Scénario : Sébastien PILOTE - Interprétation : Gabriel ARCAND, Gilles RENAUD, Lucie LAURIER.

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