Miele
de Valeria Golino
Sélection officielle
Un certain regard

Mention spéciale Prix du Jury oecuménique


Sortie en salle : 25 septembre 2013





Jasmine Trinca remarquable dans un premier film prometteur

Actrice redécouverte en France en 2002 à l’occasion de la sortie de Respiro (Emanuele Crialese), Valeria Golino s’essaye, à son tour, à la réalisation. Son premier long métrage, Miele, sélectionné au Festival de Cannes dans la section « Un Certain Regard », aborde un sujet délicat et polémique en Italie, société fortement marquée par le catholicisme : l’euthanasie. Un thème déjà abordé avec beaucoup de force et de justesse par l’un des meilleurs metteurs en scène italiens encore en activité, Marco Bellochio (La Belle endormie). Un pari osé et risqué pour un début derrière la caméra !

Et ce qui frappe d’emblée le spectateur, c’est que la cinéaste refuse un sentimentalisme facile et même une psychologie trop évidente pour se consacrer au portrait d'Irène, jeune femme d’un réseau clandestin (nom de code : MIELE) qui a décidé de se livrer à une activité bien particulière : venir au domicile de malades condamnés pour leur vendre un moyen d’en finir définitivement avec leur souffrance. Dès lors que le personnage principal apparaît à l’écran, la réalisatrice ne la lâche plus, la suit de près dans son quotidien souvent chaotique. Elle filme aussi ses doutes et ses contradictions notamment par le biais d’une rencontre, celle d’un intellectuel désabusé souhaitant mettre fin à ses jours « sans motif valable », parce qu’il n’a plus goût à la vie. C’est face à ce cas bien particulier qu’Irène commence à s’interroger sur ce qu’elle fait et sur sa situation personnelle.

L’une des forces du film, qui privilégie l’aspect humain de la question (Miele n’est donc pas un film à thèse, ni un film réellement sur l’euthanasie), réside dans l’interprétation remarquable de justesse de Jasmine Trinca, parfaitement habitée par son rôle. La réalisatrice suit au plus près son personnage tourmenté, perpétuellement en mouvement, mais ne révèle que peu de choses sur son passé : pourquoi Irène est-elle devenue cette « infirmière de la mort » ? Par conviction personnelle ? Pour simplement se faire de l’argent ? Par provocation en réponse à une société endormie et puritaine ? Ou a-t-elle vécu la souffrance d’un proche sans pouvoir l’aider ? Telles sont les questions auxquelles Valeria Golino n’apporte pas de réponses, et elle a raison de ne pas le faire ! À ce titre, le début du film est mystérieux : on découvre cette jeune femme dont on ignore encore l’activité, elle écoute de la musique, fait l’amour avec son copain et se rend à Los Angeles puis à Tijuana. Ce n’est que quelques minutes plus tard que le spectateur apprend la teneur de son activité.

Même s’il aborde la mort assistée, son film est aussi et surtout une œuvre de la survie doublée d’un portrait de la société italienne en crise. Si l’on rajoute une mise en scène élégante et inspirée avec de beaux moments de cinéma, Miele apparaît bel et bien comme une réussite intéressante et attachante.


Xavier Affre

 

 

 


1h36 - Italie - Scénario : Valeria GOLINO, Francesca MARCIANO, Valia SANTELLA - Interprétation : Jasmine TRINCA, Carlo CECCHI, Vinicio MARCHIONI.

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