Mean Dreams
de Nathan Orlando
Quinzaine des Réalisateurs









Le malheur est dans le pré

Après avoir volé un sac contenant de l’argent de la drogue, un garçon de quinze ans s’enfuit avec la fille qu’il aime tandis que le père de celle-ci, un flic corrompu, les prend en chasse... Mean Dreams est le second long métrage d'un cinéaste canadien diplômé en sciences religieuses et qui détient un master en philosophie existentielle. Son film précédent, Citizen Gangster, fut primé au Festival de Toronto et reçut cinq nominations aux Canadian Screen Awards. On reste pantois devant sa deuxième œuvre, d'une maladresse gênante, dont le dossier de presse indique qu'elle se veut « un thriller, mais également une fable qui évoque le passage à l’âge adulte, le désespoir de la vie en fuite et l’émerveillement du premier amour ». Il s'agit en fait d'une sucrerie qui combine polar grand-guignolesque et romance mièvre de teen movie, tout en enfilant comme des perles tous les poncifs du genre. Le récit est pourtant attachant dans son premier quart d'heure, qui voit la rencontre entre deux adolescents dans une ennuyeuse petite ville rurale.


On aurait pu s'attendre à une jolie chronique de mœurs, dans la lignée du cinéma indépendant de Jeff Nichols ou John Sayles. Il n'en est rien : le réalisateur multiplie les dialogues sentencieux, les invraisemblances grossières, les prises de vue touristiques et les effets musicaux assourdissants. On est loin de la force et de la beauté de La Nuit du chasseur (1955) de Charles Laughton ou de La Balade sauvage (1973) de Terrence Malick, auxquels le cinéaste se réfère explicitement, tout en appliquant plutôt les recettes de Nos étoiles contraires et autres Twilight, le savoir-faire en moins. Bill Paxton (Apollo 13, Titanic) en fait des tonnes dans un rôle de père indigne et criminel mais il n'est guère aidé par un scénario mal écrit privilégiant la psychologie à la truelle. Au crédit du film, on signalera le charme et la sensibilité de ses deux jeunes interprètes : Sophie Nélisse a la grâce d'une Mia Wasikowska quand Josh Wiggins, boudeur et angélique, fait songer à River Phoenix. Souhaitons à ces deux acteurs une jolie carrière de 7e art.

Gérard Crespo




 

 


1h48 - États-Unis - Scénario : Kevin COUGHLIN, Ryan GRASSBY - Interprétation : Bill PAXTON, Josh WIGGINS, Sophie NÉLISSE, Colm FEORE, Vickie PAPAVS, Kevin DURAND.

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