Meurs, monstre, meurs
Muere, monstruo, muere
de Alejandro Fadel
Sélection officielle
Un Certain Regard








Monstre, es-tu là ?

Dans une région reculée de la Cordillère des Andes, le corps d’une femme est retrouvé décapité. L’officier de police rurale Cruz mène l’enquête. David, le mari de Francesca, amante de Cruz, est le principal suspect. Envoyé en hôpital psychiatrique, il y incrimine les apparitions brutales et inexplicables d’un Monstre…
Nouveau long métrage d’Alejandro Fadel (auteur du remarqué Los Salvajes présenté à la Semaine de la Critique 2012, scénariste de Carancho ou Elefante Blanco), produit par la société de Julie Gayet, Meurs, monstre, meurs débute habilement comme un thriller gore, avec une première scène donnant le ton d’une œuvre possédant certes des qualités indéniables mais dont il sera très difficile de déceler les enjeux et la finalité.
L’Argentine, terre de mystères, d’ésotérisme, de violence et d’horreur : voici, sommairement résumé, le programme que nous propose le cinéaste durant les 1h46 que dure son film. La première heure est d’ailleurs assez réussie tant elle agrippe le spectateur, le fascine et l’intrigue tout à la fois, grâce à un travail remarquable sur l’image et le son, ainsi que la performance étonnante des comédiens (tout en intériorité mais au visage très expressif). Parti à la recherche d’un tueur de femmes, Cruz va devoir remettre en cause son jugement lorsqu’il rentrera en contact avec le suspect après avoir été directement et personnellement touché par l’histoire.

Du thriller gore, le métrage passe au film fantastique et ésotérique. Chaque personnage semble en proie à ses démons, et une voix intérieure les hante, leur répétant inlassablement : « meurs, monstre, meurs ». Le spectateur en vient à douter de leur innocence : y a-t-il un seul tueur ? Que cache chacun d’entre eux ? Mais, alors que le film semble sombrer dans la folie, c’est précisément à ce moment que le bât blesse : plus les protagonistes avancent dans l’affaire, plus le mystère demeure entier pour le spectateur. Ce qui ne constitue pas nécessairement un frein en soi pour qui aime, par exemple, le cinéma d’un certain David Lynch, réalisateur cité par certains critiques pour évoquer le film de Fadel. À une différence près, et de taille : les enjeux. À vouloir embrasser trop de formes, trop de thèmes, le metteur en scène argentin rend son film abstrait, trop abscons même et achève de perdre le festivalier déjà bien éprouvé. Enfin, la dernière partie, clairement un hommage au film de monstre, n’arrange rien à l’affaire. L’apparition pleinement assumée du monstre (très sexué et finalement assez moche) à la fin, jusque-là uniquement suggéré, est au mieux inutile, au pire grotesque, annihilant malheureusement les fulgurances esthétiques très prometteuses du début.

Xavier Affre



 

 


1h38 - Argentine, France - Scénario : Alejandro FADEL - Interprétation : Victor LOPEZ, Esteban BIGLIARDI, Stéphane RIDEAU, Sofia PALOMINO.

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