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FESTIVAL DE CANNES 2014
Palmes d'or et récompenses : 1946-2014 l L'équipe de CinémaS
Le Palmarès
l Dans les salles en 2014

TOUS LES FILMS DE CANNES 2014
     
Festival de Cannes semaine de la critique

 

     

L'édito de Marie-Jo - La Palme d'or - Les avis à chaud

MUSIQUE !

Échappatoire, vocation irréversible, fil conducteur, acte de résistance, exutoire, la musique et la chanson ont la part belle dans un monde où semblent subsister quelques tentatives de bonté, de tendresse et d’amour face à la violence et la paranoïa qui ont depuis longtemps, mais définitivement pris le pouvoir.

Omniprésent l’an dernier, le sexe laisse la place à d’autres épanchements corporels et l’on vomit abondamment. À juste titre.

Pays pourris

Les pays c’est pas ça qui manque, chantait Brassens et on vient au monde où l’on peut : sur les bords du fleuve Niger, à Timbuktu, étouffé par les lois du djihad. Dans le comté de Leitrim, au cœur d’une Irlande gangrenée tant par la religion que par l’IRA (Jimmy’s Hall). À Nazran, au fin fond de la Tchétchénie dévastée par une guerre sans merci (The Search). Dans la Chine de Mao, profondément traumatisée par la révolution culturelle (Coming Home).

Et même lorsque les guerres se taisent, d’autres plaies restent bien vivaces, tels la corruption et le pourrissement des institutions. On en rit… avec désespoir du côté de la Russie (Leviathan), avec tous les ressorts relevant de la comédie noire en Corée du Sud (A Hard day). Aux States, le génial trio de Cold in July a également fort à faire pour déjouer les sombres desseins d’une police au-delà de tout soupçon. La Côte d’Azur, quant à elle, ne saurait renier ses traditionnelles accointances avec la mafia et son exemplarité ès magouilles financières (L’Homme qu’on aimait trop).

Amour, gloire et beauté

Plus que dans le soap, Alleluia est une plongée en gore opera sur fond d’amour dévastateur. Pour les amants de La Chambre bleue, le message est loin d’être aussi explicite et, Simenon oblige, l’enquête sera nécessaire. Plus minimaliste encore, la belle histoire d’amour entre Kyoto et Kaito, en délicate apnée entre la vie, la mort, la nature (Still the water).

Malgré les soins d’assistantes dévouées, les gloires se fanent : avec élégance pour Maria Enders (Sils Maria) au cœur des Alpes suisses, avec exubérance pour Havana dans l’usine à rêves hollywoodienne (Maps to the stars). La gloire arrivera pour Andrew, au prix d’un duel inouï de violence avec son mentor (Whiplash).

Tranches de vie

Entre vrai ou faux biopics et autoportrait, les destinées cèdent aux influences les plus diverses : celle de son époux de prince pour Grace de Monaco, afin de la remettre sur le droit chemin ; celle de l’adorable et dévouée Mrs Booth pour Joseph Mallord William Turner, pour que la vie soit plus douce (Mr Turner) ; celles de Pierre Bergé, puis de la cocaïne pour Yves Saint Laurent, au nom du rayonnement de la haute couture française ; celles d’une belle amitié avec Percy et d’un amour inaccessible pour Bill (alias John Boorman), au cours de ses deux ans de service national à l’époque de la guerre de Corée (Queen and Country).

Emprises

L’influence peut aller jusqu’à la domination : John duPont planifie en deux temps la prise de pouvoir qu’il exerce par l’argent sur les frères Mark et Dave Schultz (Foxcatcher). Elle prend la forme d’une odieuse séquestration que l’incroyable Mika impose à Cassandra pendant huit ans (Captives). Elle peut provoquer de sérieux troubles de la vision et du comportement (It follows). Elle a même le culot de vous changer en loup-garou (When animals dream). Elle peut être le prétexte de passer d’une emprise à l’autre (Darker than Midnight).

Survie

En Australie, dans la région de Darwin, Charlie pleure sa civilisation et son pays perdus (Charlie’s country). En Ombrie italienne, les abeilles meurent, signe annonciateur de fin du monde (Les Merveilles). C’est également ce que prédit radicalement Madeleine à un auditoire pour le moins dubitatif (Les Combattants).

Autre femme à poigne, Mary Bee, bravant tous les dangers, traverse l’Amérique profonde pour protéger trois femmes de leur folie et de leurs maris (The Homesman). C’est en fuyant sans cesse que Laura tente d’échapper à la maltraitance et de mettre à l’abri son petit Matias (Refugiado). C’est en hurlant toujours plus fort que Diane essaie, sans trop y croire, de maîtriser la violence de son fils Steve (Mommy).

Femme fragile, Sandra, arpente la banlieue pour convaincre ses collègues de renoncer à leur prime pour sauver son emploi (Deux jours, une nuit). À l’hôpital, où la loi Bachelot fait des ravages, l’argent manque aussi cruellement (Hippocrate).

Devant l’état du monde, les passions s’exacerbent : lentement mais sûrement, le trio de Winter Sleep se déchire, sur fond de joutes verbales brillantes et ambitieuses. Tandis que, de montées d’adrénaline en pertes de contrôle, les Relatos salvajes multiplient de fulgurants passages de la civilisation à la barbarie.

Marie-Jo Astic

 

LA PALME D'OR DU FESTIVAL DE CANNES 2014

La Palme d'or du 67e Festival de Cannes a été attribuée à Winter Sleep, réalisé par Nuri Bilge Ceylan. Xavier Dolan, favori de la compétition, doit se contenter du Prix du Jury, partagé avec Jean-Luc Godard. Ont également été récompensés les cinéastes Alice Rohrwacher, Bennett Miller et Andrey Zvyagintsev, tandis que Julianne Moore et Timothy Spall ont obtenu les Prix d'interprétation.

Lire tout le Palmarès : ICI

Très souvent, les Jurys cannois proposent un palmarès inattendu, déjouant les pronostics, laissant sur le carreau des œuvres majeures, mettant le projecteur sur de « petits films », et dévoilant au final un résultat qui semble le fruit de concessions et compromis. La belle Palme attribuée à Sommeil d'hiver sera le plus beau geste de Jane Campion et de son Jury, qui ont osé récompenser un film austère mais riche, déroutant par son rythme longuement contemplatif et ses 3h15 de dialogues, mais qui est indiscutablement un grand moment de cinéma. Ce choix fait écho à des palmes antérieures audacieuses de l'histoire du Festival, à l'instar du Goût de la cerise de Abbas Kiarostami ou L'Éternité et un jour de Theo Angelopoulos. Le reste du palmarès paraîtra du coup plutôt décevant, à commencer par le Prix du scénario attribué à Leviathan, qui vaut davantage par son esthétique que son récit un brin pesant et sa démarche démonstrative appuyée. Les Merveilles est certes un très joli récit, mais lui attribuer le Grand Prix, d'ordinaire réservé à un grand film novateur, pourra paraître excessif, et il est permis de penser que Naomi Kawase est une cinéaste bien plus personnelle qu'Alice Rohrwacher. Quant à Bennett Miller, il a signé avec Foxcatcher un film élégant et très réussi, sans verser dans l'académisme. Pour autant, un Prix de la mise en scène peut sembler trop généreux, eu égard à la démarche des frères Dardenne (absents cette année du Palmarès), de Bonello ou Cronenberg, dont Maps to the Stars n'a été honoré qu'à travers l'interprétation de Julianne Moore. L'actrice est l'une des plus fascinantes de sa génération, mais il est dommage qu'elle ait été primée pour un rôle à effets, loin de ses subtiles compositions habituelles. Marion Cotillard, Juliette Binoche, Hilary Swank ou Anne Dorval auraient tout autant sinon davantage mérité le Prix. Timothy Spall, acteur fétiche de Mike Leigh, est lui aussi consacré pour un film où il en fait des tonnes, et sa prestation dans Mr. Turner peut être jugée inférieure à celles de Steve Carell ou Gaspard Ulliel. Reste le cas Xavier Dolan. On se réjouit qu'il soit au Palmarès tant Mommy a été le film le plus applaudi du Festival, par le public et la critique. Un simple Prix du Jury s'avère pourtant décevant. Le fait de partager ce Prix avec Jean-Luc Godard est sans doute symbolique de la part du Jury, qui a voulu honorer l'ancienne et la nouvelle créativité du 7e art contemporain. Le geste est beau mais au-delà des personnalités, on peut parier que Mommy restera davantage dans les annales du cinéma que l'obscur Adieu au langage, énième variation d'un artiste autiste. Au final, le Palmarès confirme que les jurés ne se laissent pas influencer par les rumeurs et coups de cœur des festivaliers et gardent leur autonomie de jugement, ce dont personne ne se plaindra. Mais il manque l'étincelle et l'euphorie qu'avaient suscitées le palmarès de 2013...

Gérard Crespo

 

FESTIVAL 2014 : LES AVIS À CHAUD DE LA RÉDACTION

COMPÉTITION OFFICIELLE
Grace de Monaco - HC
Dialogues ridicules, ton mièvre, filmage digne d'une publicité pour la Croix-Rouge monégasque, sans doute le pire rôle de Nicole Kidman. Mais que diable ce biopic au rabais fait-il en ouverture du premier Festival du monde ? Lire notre critique : ICI
Timbuktu
Minimaliste et engagée, cette chronique d'un intégrisme au quotidien fait froid dans le dos. En dépit d'un manque de moyens, voilà un récit fort qui pourrait obtenir le Prix du Jury ou le Prix œcuménique. Lire notre critique : ICI
Captives
Fidèle au style d'Egoyan, ce polar réussit une structure narrative avec trois dimensions temporelles. Il baigne dans ce film une ambiance prenante, qui pourrait déboucher sur un Prix du Jury. Lire notre critique : ICI
Relatos salvajes
Mélange de trash, d'humour noir et de critique sociale, ce film à "sketches" est forcément inégal mais démarre par un premier volet hilarant et tonique. En dépit d'excès, la drôlerie narrative pourrait valoir à l'auteur un Prix du scénario. Lire notre critique : ICI
Saint Laurent
Enfin un biopic intelligent et personnel. Loin de l'académique version de Lespert, le film de Bonello frappe par la marque de son auteur et un montage percutant sans être dans l'esbroufe. Le film est l'un des favoris pour la Palme d'or, mais Gaspard Ulliel pourrait obtenir le Prix d'interprétation masculine. Lire notre critique : ICI
Winter Sleep
Encore une œuvre forte signée Nuri Bilge Ceylan. Ces 3h15 de dialogues et de minimalisme dans la narration sont un modèle d'épure, fidèle à l'humanisme désenchanté de son auteur. Du grand art, qui pourrait être récompensé par le Grand Prix ou le Prix de la mise en scène, voire un Prix d'interprétation pour Haluk Bilginer. Lire notre critique : ICI
Les Merveilles
Outsider de la compétition, ce joli film séduit comme une nouvelle variante de néoréalisme, avec un récit attachant, à mi-chemin entre le conte et la chronique sociale. Un Prix du Jury potentiel. Lire notre critique : ICI
The Homesman
Belle épopée westernienne, dans la meilleure tradition de Hawks ou Walsh. Classicisme et émotion. On verrait bien un double Prix d'interprétation pour Tommy Lee Jones et Hilary Swank. Lire notre critique : ICI
Maps to the Stars
Un Cronenberg teinté d'humour féroce et une satire au vitriol de Hollywood. Le cinéaste élargit son registre tout en restant fidèle à son univers. On verrait bien un Prix du Jury récompenser son audace. Lire notre critique : ICI
Still the Water
Sensoriel, délicat, minimaliste : le cinéma de Kawase poursuit son exploration des tourments de l'homme au sein d'une nature ici plus hostile que paisible. Une somptuosité esthétique qui pourrait aboutir à un Prix du Jury ou de la mise en scène, voire une Palme d'or si le Jury est audacieux. Lire notre critique : ICI
Deux jours, une nuit
Quinze ans après Rosetta, les Dardenne frappent toujours fort. Leur cinéma pourra paraître moins radical et plus consensuel mais leur griffe est intacte. Possible Prix d'interprétation pour Marion Cotillard. Lire notre critique : ICI
Foxcatcher
Admirable récit d'une manipulation et d'une mégalomanie, ce film au sobre classicisme frappe par sa sécheresse et l'impeccable prestation de Channing Tatum, Steve Carell et Mark Ruffalo qui pourraient obtenir un triple Prix d'interprétation masculine. Lire notre critique : ICI
The Search
"Tout ce qui est excessif est insignifiant" (Talleyrand). C'est comme si on disait que nous sommes les otages, devant la toile, des émotions imposées par des images qui ne peuvent que bouleverser et des idées inattaquables (quoique...) arrivant avec autant de surprise qu'une benne de télécabine dont le câble aurait servi pour coudre le scénario enchaînant les clichés de la "bienpensée" et des raccourcis frisant le ridicule. Lire notre critique : ICI
Adieu au langage
De belles images en 3D et un sens du montage saisissant, ce qui est le minimum syndical attendu de la part de l'auteur de Pierrot le Fou. Pour le reste, JLG est fidèle à lui-même et confirme qu'il n'a plus rien à dire depuis trente ans. Les fans du gourou vieillissant s'extasieront toutefois, avant même que le film ne commence... Pour des avis opposés, lire nos critiques : ICI
Mommy
Le meilleur film du petit génie du cinéma québécois. Dolan fait la synthèse de ses précédentes œuvres et offre une chronique familiale drôle et poignante, qui joue avec tous les clichés pour mieux les transcender. Tous les prix sont possibles mais on peut s'attendre à une Palme d'or ou un double Prix d'interprétation féminine pour Anne Dorval et Suzanne Clément, désormais muses du cinéaste. Lire notre critique : ICI
Leviathan
Radioscopie d'un système mafieux, le film ne manque ni de verve ni de profondeur mais le cinéaste d'Elena gagne en lisibilité ce qu'il perd en subtilité. Le film pourrait cependant ravir un Prix du scénario ou du Jury. Lire notre critique : ICI
Sils Maria
Une étude psychologique fine et séduisante et une belle réflexion sur le métier de comédienne. L'une des réussites d'Assayas, qui pourrait obtenir le Prix du scénario. Juliette Binoche n'aurait pas volé un second Prix d'interprétation. Lire notre critique : ICI
Jimmy's Hall
Fidèle à sa thématique sur la cause irlandaise, Loach signe un film sans doute mineur mais bien supérieur à certains pensums nombrilistes. Lire notre critique : ICI
Mr. Turner
Biopic estimable mais plutôt académique, en comparaison des réussites magistrales antérieures de Mike Leigh. Timothy Spall en fait un peu des tonnes dans le rôle-titre. Lire notre critique : ICI
UN CERTAIN REGARD
La Chambre bleue
Amalric abuse un peu trop de la pose et de la lourdeur d'une partition musicale surlignant l'action et les instants censés être les moments forts du récit [...] Une curiosité, à défaut d'être un film majeur. Lire l'intégralité de notre critique : ICI
Le Pays de Charlie
Récit sobre et convaincant sur la situation des Aborigènes, le film de Rolf de Heer pourra cependant paraître un peu lisse et sage eu égard aux réalisations plus audacieuses du cinéaste. Lire notre critique : ICI
Titli
Un polar social efficace et bien rythmé, bien que manquant d'originalité. Un cinéma indien manifestement inspiré des canons occidentaux. Lire notre critique : ICI
Bird People
Inclassable, poétique, insolite : ce nouveau long métrage de Pascale Ferran est une réussite indéniable. Espérons que sa singularité ne l'empêche pas de trouver un vaste public. Lire notre critique : ICI
Lost River
Pour son passage derrière la caméra, Ryan Gosling est manifestement inspiré de Malick et Lynch. Le résultat est séduisant malgré des maladresses stylistiques. Lire notre critique : ICI
SÉLECTION OFFICIELLE HORS COMPÉTITION
L'Homme qu'on aimait trop
Téchiné réussit à transposer l'affaire judiciaire la plus célèbre de Nice. La reconstitution est subtile et les acteurs étonnants, dont Deneuve en Renée Le Roux. On préférera toutefois des œuvres plus personnelles dans la filmographie du cinéaste. Lire notre critique : ICI
The Target
Film d'action peu novateur mais qui se laisse regarder. Le cinéma coréen nous a habitués à mieux mais le récit se laisse regarder sans déplaisir. Lire notre critique : ICI
The Rover
Thriller oppressant et distancié, ce road movie est filmé de main de maître et confirme le registre d'acteur étendu de Robert Pattinson. Lire notre critique : ICI
CANNES CLASSICS
Pour une poignée de dollars
Le premier grand jalon du western spaghetti est déjà un film culte de Sergio Leone. On reste toujours scotché face à l'aptitude du cinéaste à mêler lyrisme et sobriété en étirant l'action et en ayant subtilement recours à la partition de Morricone. Lire notre critique : ICI
Léolo
Ni réaliste, ni poétique, le cinéma de Lauzon emprunte une démarche visionnaire et opte pour une surenchère de symboles, sans jamais verser dans l'excès et le kitsch. Lire l'intégralité de notre critique : ICI
QUINZAINE DES RÉALISATEURS
Refugiado
Sans surenchère dramatique et larmoyante, voici un portrait subtil d'une femme à la dérive, qui confirme la vitalité du cinéma argentin. Lire l'intégralité de notre critique : ICI
SEMAINE DE LA CRITIQUE
Respire
Ce récit d'une amitié maléfique confirme le talent de réalisatrice de Mélanie Laurent, qui s'avère en outre une remarquable directrice d'actrices. Lire notre critique : ICI
ACID
Cesta ven
Cesta ven (« Je m'en sortirai » ) décrit une réalité sociale et séduit par ses non-dits, sa concision et son style sans fioritures. Lire notre critique : ICI