Mondovino
Jonathan Nossiter
Sélection officielle
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In vino pesetas

Il était bien difficile d'imaginer ce que pouvait nous offrir comme surprise, émotions ou intérêts un documentaire de deux heures quarante sur le monde du vin, venu compléter in extremis la sélection officielle en compétition aux côtés de Farenheit 9/11.
Des conflits de générations d'une famille bourguignonne se battant pour conserver ses hectares précieux de vignes au trust tout puissant Mondavi régnant sur la Napa Valley en Californie en passant par quelques aristocrates florentins vendant leurs âmes au même prix que leur vin — assez cher tout de même — ou par un cynique propriétaire bordelais, défendant le terroir mieux qu'une tribu de Coffe… Jonathan Nossiter, aussi bon faiseur d'images qu'œnologue, va bien au-delà d'une simple investigation sur les luttes entre les ancien et nouveau monde vinicoles.
Derrière ses aspects formels en apparence un peu brouillons, se tisse peu à peu un propos complexe, loin du manichéisme de la vilaine nouveauté contre la vieillotte tradition ou du profit à tout prix contre la qualité à prix fort. Le filmage semble agir sur le spectateur comme certains vins défendus par ce propriétaire bourguignon. Pas très flatteur au départ, presqu'un “anti-Moore“ ; la caméra, bouge beaucoup, virevolte, agace presque.

Mais cette légèreté permet d'attraper des instants magiques ou graves, comme autant de saveurs inédites ou profondes. Ainsi ces plans de chiens, décidément à l'honneur dans ce festival, ou ces (dé)cadrages furtifs et insolents qui font contrechamps (contre-chants) aux discours démagogiques de certains propriétaires ou exploitants.
Mais la sève du film, c'est sans nul doute le portrait en fil rouge narratif de Michel Rolland, éminent consultant œnologue, conseillant les plus riches exploitants vinicoles du nouveau monde, de la Californie à l'Australie en passant par l'Argentine ou le Chili. Sa formule magique pour garantir le “goût pomerol“ semblerait, si Nossiter ne nous montrait pas le puissant homme d'affaires se cachant derrière le guignol mégalomane : « Il faut micro-oxygéner » ! En attendant, son nom est sur toutes les étiquettes de grands vins dont le prestige est assuré, en tous cas renforcé, par un très proche ami Robert Parker, dans le guide du même nom…

Jean Gouny


2h38 - France - Scénario, dialogues, montage: Jonathan Nossiter.

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