Shizo
Guka Omarova
Sélection officielle
Un Certain Regard

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Shizo a le mérite de nous faire découvrir le cinéma du Kazakhstan dont peu de films nous sont parvenus jusqu'à présent. Il s'agit de la première œuvre d'une jeune réalisatrice, Guka Omarova, qui signe un long métrage prometteur. Le personnage principal est surnommé Shizo : il s'agit d'un adolescent souffrant de troubles psychiques qui se retrouve quelque peu livré à lui-même. Son beau-père, un ex-boxeur porté sur la bouteille, lui fait découvrir le monde interlope des combats à trophée (ici : une vieille Mercedes).
L'action se situe au début des années 90, période de transition et de troubles, au cours de laquelle la débrouillardise et les « galères » semblent être le lot commun des compatriotes de Shizo, de la douche froide dans un préfabriqué vétuste au minable braquage du bureau de change local.

Ces laissés-pour-compte de la société de consommation se déplacent dans un décor (hangars sordides, terrains vagues inquiétants) qui crée une sensation d'étouffement et d'aliénation, d'autant plus que le petit hameau dans lequel vivent les personnages semble être le bout du monde.
Loin d'être misérabiliste, cette vision de l'exclusion est un atout pour créer la tension narrative et tisser la (légère) trame policière. Mais Shizo est aussi un beau portrait d'adolescent, qui rejoint la cohorte des Antoine Doinel et autres « effrontés » du cinéma. L'amitié qui le lie à une jeune veuve encore plus pauvre que lui cède un peu au sentimentalisme mais ne nuit pas à la réussite de l'ensemble. Guka Omarova maîtrise aussi bien le rythme des scènes d'action que la description des fragments de la vie quotidienne.

Gérard Crespo


1h26 - Kazakhstan - Scénario, dialogues : Sergei Bodro, Guka Omarova - Décors : Talgat Asyrankulov - Montage : Ivan Lebedev - Musique : SIG - Interprétation : Olzhas Nusupbaev, Gulnara Jeralieava, Eduard Tabyshev, Olga Landina, Kanagat Nurtay, Bakhytbek Baimuhanbetov.

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