Shortbus
John Cameron Mitchell
Sélection officielle
Hors compétition
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John Cameron Mitchell, auteur du dément Hedwig and The Angry Inch, déclare s'être inspiré de Mike Leigh lors d'ateliers avec ses acteurs. Il propose de suivre le parcours de personnages en quête d'épanouissement, dans un New York underground et branché, décor de convention. Cercle hors norme où se mélangent sexe, art et politique, le Shortbus est un café littéraire jouant aussi la carte du plaisir des corps. À l'instar de Requiem for a Dream, le montage suit trois trajectoires qui se croisent en alternant situations fantaisistes et dramatiques. Une sexologue en manque d'orgasme, un couple de gays hésitant à ouvrir leur relation à un troisième partenaire et un jeune homme taciturne épiant “la vie des autres” forment une belle brochette de névrosés, et la base d'un scénario non conformiste.

Le réalisateur réussit le pari de lancer un pavé dans la mare d'une certaine Amérique puritaine, mais en cohérence avec son projet. La forme en apparence déstructurée est en harmonie avec son hymne à la liberté. Quelques séquences mémorables s'inscrivent déjà dans la mémoire: l'après-générique avec caméra volant au-dessus d'une maquette animée de la ville, la souillure d'une toile de Pollock, ou encore une émouvante confession dans un placard... En fait, le cinéaste évite la roublardise de certains films faussement subversifs et cherchant à capter l'air du temps (About Schmidt, Queenie in Love). Il refuse aussi la provocation gratuite et la laideur de certaines œuvres politiquement incorrectes (Borat). La nouveauté de son ton et de sa mise en scène s'inscrit plutôt dans la filiation de la trilogie de Paul Morrissey ou des premiers Fassbinder.

Gérard Crespo


1h45 - USA - Scénario, dialogues : John Cameron Mitchell - Photo : Franck DeMarco - Décors : Jody Asnes - Musique : Yo La Tengo, Scott Matthew - Montage : Brian A. Kates - Interprétation : Soo-Yin Lee, Paul Dawson, PJ DeBoy, Raphael Barker, Peter Stickles.

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