La Nuit nous appartient
We Own the Night
de James Gray
Sélection officielle
palme



Cinéaste peu prolixe, James Gray continue, depuis Little Odessa qui le révéla en 1994 et The Yards, une des œuvres majeures présentées par le Festival en 2000, un parcours sans faute avec ce troisième opus, We own the night, à l'issue duquel ce grand maître du polar repart une fois de plus bredouille de toute récompense. Même pas le moindre prix pour une impeccable mise en scène. Même pas un prix d'interprétation pour Joaquin Phoenix, qui accomplit une très belle performance d'acteur. Le public se chargera, espérons-le, de rectifier.
Il est vrai que l'univers de James Gray est très noir. En témoigne le générique, dont les images crasses campent le territoire rebutant dévolu à l'exercice du métier de flic la nuit.
New York, Brooklyn, 1988. Bobby Green, sorte de roi de la fête et du plaisir, est le gérant en pleine ascension d'une boîte branchée, El Caribe, laquelle se trouve de fait sous l'emprise de la mafia russe. Tout lui réussit et Amada est la plus sexy et la plus amoureuse des "fiancées" dont on puisse rêver.
De l'autre côté de la barrière, l'intensité et les ravages du trafic de drogue ne laissent aucun répit à Joe, Joseph Grusinski, le frère de Bobby, récemment promu, qui part en croisade contre ce fléau, épaulé par le père, Burt (toujours excellent Robert Duvall), lui aussi flic de son état.


Le fait que Bobby ait choisi de porter le nom de jeune fille de sa mère n'est qu'un infime élément du gouffre qui sépare les deux mondes. Il permettra cependant au fils maudit, lorsque Joe sera gravement blessé par le dealer Vadim Nejinski et que la menace pèsera très lourdement sur les épaules de Burt, de choisir définitivement son camp et d'infiltrer le milieu.
Omniprésente dans ce polar haletant, la violence envahit également les segments de calme apparent et de non-dits d'un univers glaçant et terrifiant. Descente musclée de police, affrontement des deux frères, course-poursuite, assauts sont autant de moments extrêmement forts, où James Gray affiche une fois de plus sa totale maîtrise de la caméra, ceci valant tout autant pour dépeindre les indicibles douleurs.
Quand à la fin, elle n'a que l'apparence du happy end que l'on pourrait reprocher à l'auteur, puisque Bobby devra définitivement faire son deuil de tout bonheur, de tout amour, de toute illusion, de cette vie qui semblait si facile et légère. Il devra s'habituer au rôle de perdant dans la lutte totalement disproportionnée qu'il a désormais engagée contre le mal.

Marie-Jo Astic


1h45 - USA - Scénario et dialogues : James Gray - Photo : Joaquim Baca-Asay - Décors : Ford Wheeler - Musique : Wojcierch Kilar - Montage : John Axelrod - Son : Thomas Varga - Interprétation : Joaquin Phoenix, Mark Wahlberg, Eva Mendes, Robert Duvall.

ACCUEIL

RETOUR A LA LISTE DES FILMS