La Visite de la fanfare
The Band's Visit
Bikur hatizmoret
d'Eran Kolirin
Sélection officielle
Un certain regard
Prix de la Fipresci

palme


À l’occasion de l’inauguration d’un centre culturel arabe dans un village d’Israël, la Fanfare de cérémonie de la Police d’Alexandrie est invitée pour une série de concerts. Mais voilà, dès leur arrivée en Israël, les huit musiciens égyptiens, avec à leur tête le très grave et droit chef Toufik, vont se retrouver perdus dans une petite bourgade qui l’est tout autant… En attendant de retrouver le nom exact du village où se produire et la route y menant, le groupe va devoir partager quelques heures avec la population locale, pas très hospitalière au premier abord. Il faut dire qu’un groupe d’égyptiens débarquant vissés dans leurs pompes cirées surmontées d’une tenue de la Police d’Alexandrie aussi bleue que le ciel qui semble leur tomber sur la tête, ça a de quoi déranger un peu l’ennui tranquille et assumé des habitants du bled.
C’est bien là la carburant du premier long métrage d’Eran Kolerin : situations cocasses, oppositions de caractères, de langues et de religions, embarras, curiosité et appréhensions. Du comique non explosif, mais très efficace et sensible. Cependant, les qualités de La Visite de la Fanfare ne s’arrêtent pas à ce bon dosage dans l’humour tout en suspension né de la situation. D’une part, la mise en scène est d’une grande maîtrise. Sachant passer au bon moment d’un personnage à l’autre, elle est servie par un cadre précis et esthétiquement très soigné.


La caméra, toujours à bonne distance, approche finement les comédiens et donne à certaines scènes (notamment la drague en patins à roulettes) un air de Tati ou Chaplin. D’autre part, l’excellence de l’interprétation est pour beaucoup dans la jubilation ressentie tout le long du film. Sasson Gabai, dans le rôle de Toufik, impose sa présence charnelle dès le premier plan. Son visage creusé par un passé que l’on imagine douloureux du point de vue affectif, révèle une sensibilité enfouie sous la dignité affichée, sans que les dialogues aient besoin d’en rajouter. Ronit Elkabetz, révélée dans Mon Trésor (Caméra d’Or à Cannes en 2005), apporte sa beauté ainsi que sa profonde humanité à peine planquée derrière son caractère bien trempé au personnage de la gérante du snack qui accueillera la troupe et leurs malles d’instruments.
Profondément généreux et optimiste, sans flirter avec le consensuel, La Visite de la Fanfare a totalement mérité les récompenses du public comme de la presse avec notamment Le Prix de la Jeunesse et le Coup de Cœur Cinécole.

Jean Gouny


1h30 - Israël - Scénario et dialogues : Eran Kolirin - Photo : Shai Goldman - Décors : Eitan Levy - Musique : Habib Shehadeh Hanna - Montage : Arik Lahav-Lebovitch - Son : Itai Elohav - Interprétation : Sasson Gabai, Saleh Bakri, Khalifa Natour, Ronit Elkabetz, Rubi Moscovich, Uri Gabriel, Imad Jabarin.

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