Bright Star
de Jane Campion
Sélection officielle
palme
Sortie en salle : 13 janvier 2010




«  Brillante étoile ! Que ne suis-je comme toi immuable... »

Seize ans après la Palme d'or décernée à La Leçon de piano, Jane Campion est revenue sur la Croisette avec ce film fiévreux, relatant l'histoire d'amour tourmentée entre le poète John Keats (1795-1821), figure de proue de l'école romantique anglaise, et Fanny Brawne, la fille de sa logeuse. La trame sied admirablement à la cinéaste qui depuis Sweetie (1989) et Un ange à ma table (1990) s'est voulue spécialiste de la peinture des sentiments contrariés et de la créativité flouée. Mais alors que ces premiers films parvenaient à susciter un sentiment d'étrangeté, au-delà de l'anormalité sociale des personnages, Bright Star a ce côté un peu lisse de maintes productions anglaises étouffées par le poids des costumes et décors reconstitués. Quand Portrait de femme (1996) et surtout La Leçon de piano parvenaient à concilier recherche esthétique, sens du baroque, et classicisme, Bright Star manque à la fois de folie et de lyrisme, sa perfection technique et professionnelle glaçant quelque peu ce récit passionnant sur le papier.

Certes, la photographie est splendide et Jane Campion est une filmeuse admirable, usant d'un montage élégant et ne forçant jamais le trait dans sa volonté de cerner blessures et joies des protagonistes. Les comédiens sont impeccables (on retrouve avec plaisir la fidèle Kerry Fox dans le second rôle de Mrs Brawne) et pas un seul plan n'est inutile, ce qui n'est pas à porter au crédit de tous les films montrés dans cette compétition officielle. Mais eu égard à la personnalité artistique de Jane Campion, c'était le minimum que l'on attendait, des réalisateurs mineurs ayant réussi des œuvres supérieures dans le même registre (Orgueil et préjugés de Joe Wright). De là à évoquer un « Barry Lyndon du pauvre », comme l'ont osé certains festivaliers aigris, il n'y a qu'un pas que nous ne franchirons pas, tant le savoir-faire et le style de Jane Campion sont manifestes. Et le temps donnera peut-être de la patine à ce drame romanesque. Mais souhaitons à Jane Campion de revenir prochainement à un cinéma plus nuancé et troublant, à l'instar du magnifique polar In the Cut (2003), qui reste sa dernière grande réussite à ce jour.

Gérard Crespo


2h00 - Etats-Unis, Grande-Bretagne- Scénario : Jane CAMPION- Interprétation : Paul SCHNEIDER, Thomas SANGSTER, Abbie CORNISH, Ben WHISHAW, Kerry FOX.

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