Petit bébé Jésus de Flandr
Little Baby Jesus of Flandr
En waar de steere bleef stille staan
de Gust Van den Berghe
Quinzaine des réalisateurs
palme






« Il était une foi… en Flandre. »

Petit Bébé Jésus de Flandr, premier film du réalisateur belge Gust Van Berghe, a de quoi susciter la curiosité et la surprise avant, pendant et après la projection…
Inspiré d’une pièce de théâtre très "locale" écrite en 1925 par Felix Timmermans, jouée habituellement aux périodes de Noël, ce conte à la forme de poème visuel relate l’aventure de trois miséreux, handicapés mentaux, battant la campagne de Flandre pour gagner trois sous en interprétant des chants de Noël. Perdus dans la forêt avec leurs récoltes (quelques pièces d’argent, du pain et des cigarettes), ils vont assister à une scène qui va profondément modifier leur existence : la naissance d’un enfant qu’ils voient comme Jésus.

D’emblée, une fois écartée la parenté thématique et visuelle avec Le Chant des Oiseaux de l’Espagnol Albert Serra, c’est Tarkovski qui s’impose comme catalyseur de notre élévation spirituelle. D’accord, on est loin de la force d’un Andreï Roublev ou de l’Enfance d’Ivan, mais on retrouve cette force mystique étrange du cinéaste russe. Le noir et blanc, en plus d’accentuer le caractère universel et intemporel du propos, annonce la couleur (!) sur la dualité presque simpliste entre le Bien et le Mal.


L’autre choix formidable est celui des acteurs principaux, trois trisomiques qui donnent aux personnages une valeur d’innocence sans jamais tomber dans l’apitoiement ou le risque de la moquerie. Pitje, Suskeweit et Schrobberbeeck apparaissent du coup chacun comme leur propre caricature caractérologique, bien définie et clairement délimitée, personnages restant fidèles à eux-mêmes tout au long de leur parcours spirituel. Par ailleurs, les dialogues qui auraient risqué de peser sur la magie de certaines scènes, s’effacent naturellement devant des gestes simples comme prendre la main, saisir le bras, serrer un corps…

Nul doute que le premier film de Gust Van den Berghe ne donnera pas le même "coup de foi" à tout le monde. Mais dans sa transcendante simplicité, bien loin de toute volonté élitiste, chacun trouvera son niveau de lecture. Échappée mystique, croyance rattachée à un ancrage tellurique, en tous cas, comme le résume le réalisateur dont on guettera la deuxième partie de son triptyque sur le manque de foi : « tout ça vient d’un immense amour pour la vie et l’humanité. »

Jean Gouny


1h13 - Belgique - Scénario : Gustav VAN DEN BERGHE - Interprétation : Jelle PALMAERTS, Paul MERTENS, Peter JANSSENS.

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