L'Arbre
The Tree
de Julie Bertucelli
Sélection officielle
Hors compétition (Clôture)
palme

Sortie en salle : 11 août 2010




« C’est grand comment une âme ? »

Né d’une collaboration australo-française assez peu commune, The Tree confirme le parcours sans faute de Julie Bertuccelli, qui aurait pu intituler son second film Depuis que Peter est parti.

Dawn, Peter et leurs quatre enfants ont posé leur maison là, au pied d’un immense figuier. C’est également là que le pick-up de Peter, victime d’un accident cardiaque, finit presque tranquillement sa course. Trop belle était la vie et Dawn entre dans un douloureux néant, tandis que chaque membre de sa couvée est livré à un quotidien aléatoire. Sa petite avant-dernière, Simone, 8 ans, va confier sa tristesse au grand arbre, son ami, son terrain de jeu de prédilection, sa seconde maison. À travers lui, elle renoue le lien avec son père et se décide à partager son secret avec sa mère, convaincue que l’arbre lui donnera à elle aussi la force de sortir de son asthénie et de faire face à ses responsabilités. Et insensiblement, Dawn rejoint sa fille dans son refuge et son imaginaire, mais aussi dans sa solidité et sa certitude que les morts ne meurent jamais tout à fait.


Sècheresse extrême aidant, l’arbre se développe trop vite et va peu à peu envahir la maison et bouleverser la vie de ses occupants ; c’est que l’arbre a perçu cette rumeur, enflée par le voisinage, qui viserait à son abattage : comme autant de signes avant-coureurs, chauves-souris et grenouilles ont déjà investi l’habitat qui commence à s’effondrer sous le poids d’une énorme branche…

Simone, interprétée en vraie pro par Morgana Davies, choisit délibérément d’être heureuse, pour peu que nul ne touche une feuille de son cher arbre ou ne vienne usurper la place du père. Traitant de la réaction face à la mort et au-delà de la métaphore, Julie Bertuccelli réussit un équilibre aérien entre étrangeté et réalisme, exercice que l’on retrouve chez Fabienne Berthaud avec la grande Lily de Pieds nus sur les limaces. Charlotte Gainsbourg, irradiante d’un charme de plus en plus inouï, incarne son rôle tout en force et fragilité. Dawn instille sa beauté intérieure à tous ceux qui l’entourent. Qu’un violent cyclone se déchaîne – donnant aux éléments naturels le dernier mot dans une scène saisissante de maîtrise – c’est la pulsion de la vie qui vaincra. Les enfants ont planté un nouvel arbre et le petit Charlie a retrouvé la parole.

Marie-Jo Astic



1h40 - Australie, France - Scénario : Julie BERTUCELLI, d'après le romande Judy PASCOE - Interprétation : Charlotte GAINSBOURG, Morgana DAVIES, Marton CSOKAS.

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