Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu
You Will Meet a Tall Dark Stranger
de Woody Allen
Sélection officielle
Hors compétition

palme

Sortie en salle : 6 octobre 2010




« Woody court à perdre Allen après le temps qui passe »

La question numéro un lors de la sortie d’un dernier opus de Woody Allen est : « Est-ce un film avec lui ou sans lui ? ». Pour You Will Meet a Tall Dark Stranger, c’est sans lui.
Malheureusement, la deuxième question est toujours : « Est-ce un bon Woody Allen ? – ah ben, c’est pas le meilleur – c’est un petit Allen – etc. ». Ce n’est pas facile de faire un film par an et de faire encore mieux… pour son 41e film. Alors les grincheux bouderont cette comédie parfois un peu lourde, mais spirituelle dans tous les sens du terme.

Alfie (Anthony Hopkins) quitte sa femme après quarante années de vie commune pour se refaire une jeunesse et se refaire une jeunette… Salle de gym, footing, viagra et carte bancaire qui chauffe pour contenter Sharmaine, escort-girl dont la délicatesse ferait passer Paris Hilton pour une personne raffinée. Alfie est donc devenu beau comme Cresus, sa femme Helena (Gemma Jones, formidable) est au plus bas et cherche le réconfort chez une voyante qui va finir par la convaincre de l’existence de toutes ces « ondes cosmiques positives » qui gravitent autour d’elle.

Leur fille Sally (Naomi Watts), bienveillante et inquiète à l’égard de sa mère, ne se débrouillera pas forcément mieux avec son mari Roy (Josh Brolin), écrivain d’un premier succès, en panne d’un deuxième. Lui-même profite de sa fenêtre sur cour pour voir son débrayage sentimental virer dans le romantisme exotique…
Comme nous le dit la voix off – toujours fine, littéraire et s’imposant comme indispensable dès les premières images du film : beaucoup de bruit pour rien

Mais si l’on retrouve ici, comme dans Much Ado About Nothin qui semble avoir inspiré Allen, le jeu de miroir comique/romantique des couples de Shakespeare, le réalisateur de Comédie érotique d’une nuit d’été peine à fermer toutes les portes scénaristiques qu’il aura eu le talent d’ouvrir…
Pourtant, derrière le masque d’un film flirtant avec le vaudeville, et pas toujours pour le meilleur, il reste une forte impression d’une œuvre crépusculaire… Boris Vian nous dirait que Woody Allen est résolument poli pour user ainsi de son humour afin de révéler son désespoir.

Jean Gouny


1h38 - Etats-Unis, Grande-Bretagne- Scénario : Woody Allen - Interprétation : Naomi WATTS, Anthony HOPKINS, Josh BROLIN, Antonio BANDERAS, Freida PINTO.

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