Avé
de Konstantin Bojanov
Semaine internationale de la critique







Mensonge ou vérité ? Tailler sa route, semer le doute...

« On n'est pas sérieux quand on a 17 ans. » Qui n'a jamais rêvé de suivre son chemin sans penser au lendemain? La jeune Avé décide un jour de conquérir sa liberté, s'aventurant au plus profond de ses songes voyageurs. Le long de la route, le chemin de cette Bulgare rencontre celui de Kamen. Elle ne le quittera plus. En route pour un voyage parsemé de mensonges et de doutes...

À peine montés à bord d'une voiture, et déjà ils nous transportent vers cette douce aventure en forme de "Road movie". Une montre figée appelle le passé. Le temps semble s'être arrêté. Et pourtant... Il est bien présent, le temps de parcourir la distance de Sofia à Ruse, de tisser le fil constructeur de ce voyage émouvant que nous propose Konstantin Bojanov dans son premier long-métrage Avé.

Formidables images où, peu à peu, la tendresse s’installe et où les cordes font écho aux notes de piano. Parmi les frustrations amères, la douceur de l'amitié. Mélange subtil de décors autoroutiers, tableau d'une nature singulière, le contexte visuel et sonore épuré de l’œuvre conforte le spectateur et l’invite dans le cœur de cette adolescence en errance. Reflet d'une société qui se cherche encore et d'une jeunesse sans repère, Avé donne à réfléchir en finesse, sans tomber dans la dénonciation précise et excessive.

Derrière les mensonges d'Avé se cachent sincérité et sensibilité débordante. Cette sensibilité est transmise à Kamen qui, progressivement, se laisse tenter par le goût du mensonge. Le mensonge dans la peau, forme d'échappatoire à un passé renié, et douce attention à la fragilité de l’autre. Il est certain que l'absence d'imaginaire détournerait Avé de l’action et que ce jeu avec la réalité lui permet d'éviter de souffrir.

Temps qui s'étend, affectant les sentiments. Tic tac. Illusion d'un instant, reconstruction du présent.

Manon Chauvel
Diana D'Angelo
Audrey Yaker

Lycée Clémenceau de Nantes


Plaisir éphémère

« Les pensées sont libres, qui peut les deviner ? », chantait le grand-père à l’accordéon.

C’est un road movie sentimental et débordant de détails subtils, dans une Bulgarie montrée sous son vrai jour, que nous offre Konstantin Bojanov, natif de ce pays méconnu, pour son premier long métrage.

Ainsi nous sont présentés deux personnages, attachants autostoppeurs, sur les routes bulgares, en quête de réponses et d’une autre vie. Kamen, premier personnage rencontré dans la grande Sofia, doit se rendre à Ruse. Débutant son voyage, il se fait harponner par Avé, jeune fugueuse de 17 ans et pro du mensonge. Commence alors un voyage rythmé de quelques arrêts et bifurcations, et de vies imaginaires innovées au fil des rencontres.

Dans ce premier long métrage, ce cinéaste à l’avenir certain, choisit de traiter des thèmes d’actualité propres à la jeunesse. Rentrent alors en jeu l’importance du mensonge rendu apologique ici, les thèmes de la vie, de la mort, et la fuite …

La continuité du récit est menée tambour battant par Avé (Anjela Nedyalkova, actrice à suivre), en perpétuelle fuite devant la réalité inacceptable de sa vie. Son apparente facilité de contact avec les inconnus se trouble à l’image de ses sentiments face à Kamen, dans un rôle taillé sur mesure. Alors les mensonges se raréfient et laissent place à la tendresse et la sensibilité de mots et de petits gestes toujours filmés avec justesse par Bojanov. On peut d’ailleurs retenir la scène d’amour, éblouissante de beauté et de pudeur, comme une des plus belles de ces dernières années.

Mais alors, la réalité ressurgit au galop à la nouvelle de la mort du frère qui semblait son unique raison de vivre. La réalité est trop dure, il faut fuir et abandonner Kamen. Mais alors une question persiste ; est-ce une preuve d’amour ou la fuite de la réalité est-elle plus nécessaire à la survie que l’amour ? Kamen, jeune homme sans véritable raison de vivre ni passion, sera enrichi par cette expérience et gardera au moins cet important message : mentir pour subsister.

Marina Roman
Lycée Estienne d’Orves de Nice


Sur les routes de la vérité

Deux chemins s’esquissent dans Avé, le nouveau film de Konstantin Bojanov. Ceux de deux jeunes rêveurs en quête de vérité.

Sur les routes d’une Bulgarie grise et pluvieuse, deux êtres se retrouvent par hasard et sont, malgré eux, attachés l’un l’autre. Au fil d’un voyage rythmé par différentes étapes, Kamen et Avé bâtissent peu à peu une relation basée sur le mensonge, le rêve et sur une souffrance commune. Nous assistons donc inlassablement, pendant près de 90 minutes, à un road-movie délicat et subtil portant avec lui des messages forts et des thèmes essentiels comme le mensonge, l’absence, le manque et le rapport avec le temps.

Empli d’une éternelle jeunesse, le mensonge est traité en profondeur dans ce film bulgare. Il serait la persona d’une émotion fragile et crépusculaire tout en étant l’alternative la plus fructueuse à l’utilisation de la parole. Avé se révèle être un hymne au silence et aux non-dits. N’est-ce pas là l’essence même du cinéma ?

Nous voyons également très vite se dégager au fil de l’œuvre un thème que l’on peut associer aux caractères des deux héros du film : le manque et l’absence communs d’un proche ou d’un ami. En effet, c’est le frère recherché qui motive l’ambition voyageuse d’Avé tout comme l’ancien camarade mort qui plonge Kamen dans une culpabilité mélancolique. C’est donc aussi le manque et le désir qui réunissent les deux personnages, qui les attire et incite leur volonté de voyager ensemble.

Le film est un trésor d’esthétisme. Ses nombreux plans séquences créent une tension d’un réalisme époustouflant. Mais ce n’est que lorsque l’on observe la magnificence des paysages que la qualité de la photographie se révèle, comme si l’art avait rejoint le réel. Ce n’est pas sans parler de l’utilisation de la profondeur du champ, qui saura provoquer une immersion complète du spectateur. La musique, d’une rare beauté, renforce quant à elle parfaitement la puissance émotionnelle de l’œuvre.

Avé est le digne héritage du road-movie, un genre décidemment bien défendu à l’occasion de cette cinquantième édition de la Semaine de la Critique. Il est un voyage initiatique aux confins de la Bulgarie contemporaine. Une douce expérience de poésie pure.

Rémy Bastrios
Romaric Siennat

Lycée Pablo Picasso de Perpignan


Je vous salue Avé

« Tu crois tout ce qu'on te dit ? » C'est dans son film bulgare, Avé, que Konstantin Bojanov nous raconte l'étrange rencontre entre deux adolescents. Kamen, voulant se rendre à l'enterrement de son ami, fait la connaissance d'Avé, une jeune fille étonnante. Seulement, celle-ci lui impose sa compagnie, tout en s'inventant une vie pleine de mensonges...

C'est au travers de cette rencontre que le film nous plonge dans un univers d'adolescents, représentatif de la réalité. En effet, rien n'est stéréotypé, nous ne sommes pas au cœur d'une famille idéale. Les adultes sont absents ou impuissants que ce soit les parents respectifs ou les autres adultes que Kamen et Avé rencontrent sur leur route : un camionneur pervers, un homme violent, un grand-père alcoolique... Difficile d'envier ce monde adulte. C'est pourquoi, la jeune fille refuse de grandir, contrairement à Kamen, plus responsable et mature.

Cependant, nos deux protagonistes ont des caractères complémentaires : Avé, une jeune fille très sensible mais ouverte, Kamen, un garçon sec et renfermé sur lui-même. Ils ont besoin l'un de l'autre. Lui, personnage réservé, s'ouvre grâce à elle. De même, elle, menteuse et solitaire, trouve un frère, un ami, un amour : l'unique part de réalité dans son monde fictif.

Avé, à tout juste 17 ans, a quitté ses parents et recherche son frère. Elle se voit alors dans l'obligation de s'inventer des histoires pour échapper à une vie qui ne lui convient pas. À travers ces mensonges, elle cache une grande sensibilité. Ainsi, le film nous présente une morale : le mensonge est un remède lorsque la vérité n'est pas bonne à dire. Il permet de vivre mieux, et de redonner un salut aux personnes blessées qui croisent son chemin.

Avé, représentatif du mensonge libérateur, nous pousse à y lire une fable (fabula).

Avé, à la recherche de son frère, se recherche elle-même en fuyant toute forme de réel. Les véhicules nous permettent à la fois d'avancer dans le voyage et dans l'évolution des personnages sous forme de rites initiatiques : l'émancipation, la première relation, le deuil. Avé parviendra-t-elle à se protéger de cet univers adulte peu engageant ?

Son plus beau mensonge se trouve à Hollywood, laissant au spectateur l'idée que la perfection et le bonheur se trouvent dans la fiction.

Laureline Marsault
Lucie Thumerelle

Lycée Savary de Mauléon des Sables d'Olonn


1h21 - Bulgarie - Scénario : Konstantin BOJANOV, Arnold BARKUS - Interprétation : Angela NEDIALKOVA, Ovanes TOROSIAN, Martin BRAMBACH.

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