Gangs of Wasseypur
de Anurag Kashyap
Quinzaine des réalisateurs
palme

Sortie en salle : 25 juillet 2012




Tuez tout le monde !

Trois ans de tournage et 340 acteurs, 5 heures 20 de projection, c’est dans une saga policière et meurtrière que nous emmène Anurag Kashyap, dans « un monde de salauds et de connards », dixit la voix off qui remonte aux racines de la haine héréditaire installée dans les gènes, depuis les temps impérialistes de 1940 jusqu’à nos jours, des Khan et des Singh. Des O’Hara et O’Timins indiens qui ne font pas dans la dentelle.

À travers le destin de Shahid Khan, qui promet – pas en l’air – vengeance à Ramadhir Singh, puis de son fils Sadar, grand dragueur devant Bouddha, puis de Faizal, fils de…, stupéfiant adepte de fumette, il faudra trois générations de bruit et de fureur pour venir à bout de ce dur à cuire de Singh.

C’est à Wasseypur que prend part la majorité de l’action – bien piètre mot pour définir cet ouragan de violence –, Wasseypur où « même les pigeons ne volent que d’une aile. De l’autre ils se protègent le cul. » Car, à l’instar de « même les plus grosses couilles sont au service d’une bite » les dialogues en disent long sur ce qu’ils veulent dire.

Révérence gardée envers Alain Resnais, si un film devait s’appeler Vous n’avez encore rien vu, c’est bien celui-là.

Entre les deux clans précités, où intervient spasmodiquement et intempestivement le bien nommé gang des Bouchers, cela barde vilain. Au son assourdissant des fusillades, explosions, mitraillages, enlèvements, matraquages, ça poinçonne, ça défouraille, ça égorge, ça arrose, ça décapite, ça canarde, ça joue aux osselets.


On peut y rajouter les célébrissimes « je dynamite, je disperse, je ventile, j’explose façon puzzle » d’Audiard qui passerait cependant ici pour un enfant de chœur. Jamais l’expression « tirer sur l’ambulance » ne sera aussi bien illustrée, troué comme une passoire que finit ce pauvre utilitaire.

Au pays de la mafia, des putes, de la misère, des caïds et des mariages forcés, se vivent de grandes histoires d’amour, se truquent des élections mouvementées, se suivent de beaux enterrements. On y hérite aussi de curieux mais signifiants prénoms : Définitif, Perpendiculaire, Tangente.

Reste, last but not least, l’aspect couleur locale et exotique qui offrent de grandioses images d’un pays magnifique que bien des voyageurs aimeraient ramener dans leurs bagages : scènes de la vie quotidienne, principalement au bord du fleuve, océan de paraboles géantes, superbes embouteillages et… coupures de courant.

La présentation progressive des personnages clés se fait sur le mode d’un générique de type Le Bon, la Brute et le Truand, qui, étiré sur toute la longueur du film lui donne un rythme haletant et recaptive l’attention, si toutefois celle-ci avait faibli.

Il est fortement conseillé de plonger dans ce grand défouloir, si d’aventure il venait à se risquer sur votre petit écran préféré… si possible en un seul morceau.

Marie-Jo Astic


5h20 - Inde - Scénario : Anurag KASHYAP, Zeishan QUADRI, Akhilesh JAISWAL, Sachin LADIA - Interprétation :Manoj BAJPAYEE, Richa CHADDHA, Reema SEN.

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