Le Repenti
El Taaib
de Merzak Allouache
Quinzaine des réalisateurss
Label Europea Cinemas
palme

Sortie en salle : 10 avril 2013




Tu veux replonger dans l’enfer d’il y a cinq ans ?

Merzak Allouache avoue avoir tourné Le Repenti très vite, en le retransposant de quelques années dans l’Algérie d’aujourd’hui, par rapport à une histoire survenue au cours de l’époque « d’euphorie » qui a suivi les années quatre-vingt-dix, dites « années de plomb ». Un premier décalage dans le temps qui ne favorise pas la compréhension immédiate d’une œuvre, forte et intense, qui souffre néanmoins de son avarice à livrer ses secrets, jalousement gardés jusqu’à la quasi fin du film.

Au nom de la « concorde civile » les autorités algériennes lancent aux islamistes un appel à cesser le combat. Ceux qui acceptent deviennent ainsi des « repentis », dont la société civile est priée de mettre aux oubliettes les atrocités qu’ils ont commises et leur offrir une chance de réinsertion.

Rachid a donc fuit ses « frères » et après sa course dans les rochers et la neige des hauts plateaux, parvient à rejoindre les siens. Alors qu’il confie à son père son intention de s’inscrire à la gendarmerie en tant que repenti, ce dernier essaie de l’en dissuader de peur de représailles. Au village il lest le tueur, l’assassin, le salaud. L’argent manquant finit de le persuader de rejoindre la ville, où ne pouvant vivre en clandestin, il se fait enregistrer et où un travail assez miséreux lui est proposé dans un café, dont le patron lui intime l’ordre de se raser la barbe.


Rachid guide ensuite nos pas vers une pharmacie, où il n’entre visiblement pas pour le mal au crâne qu’il prétend avoir. On retrouve ensuite le pharmacien chez lui, en compagnie de sa femme Djamila : les raisons du climat tendu entre le couple, du penchant du mari (la fiche artistique nous apprend qu’il se prénomme Lakhdar) pour le vin, des appels téléphoniques qui mettent les occupants de la maison en état de choc ne seront données que bien plus tard. On comprend qu’un jour un drame a eu lieu, il est vaguement question de leur fille. Le réalisateur brouillant les pistes et multipliant les énigmes, ce serait trahir son intention que d’aller plus loin dans ce récit, riche, dense, tragique.

Dans un style nouveau pour lui, Merkak Allouache livre un pamphlet sans concession contre ces mesures illusoires qui ont décrété une fausse paix civile et voulu faire croire à tout un peuple qu’elles pourraient du jour au lendemain le rendre amnésique des années les plus noires de son histoire. Dommage, encore une fois, qu’à trop vouloir faire appel à la patience du spectateur, Le Repenti finisse, non par lasser car l’attraction du récit reste intacte, mais par gâcher un peu la qualité d’écoute qu’il mérite.

Marie-Jo Astic


1h27 - Algérie - Scénario : Merzak ALLOUACHE - Interprétation : Nabil ASLI, Adila BENDIMERED, Khaled BENAISSA.

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