La Grande bellezza
The Great Beauty
de Paolo Sorrentino
Sélection officielle
En compétition



Sortie en salle : 22 mai 2013




Voici ma vie ! C’est le néant.

À Cannes, ils finissent par former une sorte de couple : Sorrentino / Servillo. La complicité s’est établie dès Les Conséquences de l’amour et, après Il Divo, ils nous reviennent dans cette Grande Bellezza, ce Roma, ville sacrée et profane, cette Dolce Vita de Fellini, revisités au détour de terrasses romaines à la Ettore Scola, où la nostalgie vient creuser un peu plus profond son sillon.

C’est un extrait du Voyage au bout de la nuit de Céline qui vient planter le décor et l’humeur du propos : « Il suffit de fermer les yeux pour entrer de l’autre côté de la vie. » L’un des côtés de la vie, c’est cette fête à la Gatsby, où Jep le magnifique célèbre bruyamment son anniversaire jusques aux petites heures du jour, sous l’enseigne ostentatoire d’une publicité géante pour Martini. Jep, journaliste de mauvaise mais lucrative presse, qui à 26 ans décida de devenir le roi des mondains et qui l’est devenu. Jep, écrivain d’un seul livre, empêché d’en écrire un second par manque de matière : « Je cherchais la grande beauté, mais je ne l’ai pas trouvée. » De l’autre côté, il y a ce souvenir lointain d’amour de jeunesse qui peut-être aurait tout changé s’il s’était accompli.

C’est aussi la Rome éternelle et ses arts, tous ses arts, du classique à l’insolite en passant par l’alternatif, déclinés à tous les temps. À la voir si belle on en oublierait les ravages que notre civilisation lui a infligés.

Entre les deux, il y a les vains bavardages, les bimbos, les fêtes sans cesse recommencées, les bling-bling, les névroses, les vies ratées qui se dénoncent en fin de soirées : « Tu as une vie dévastée, comme nous tous », le naufrage d’un monde dans lequel on voudrait s’évanouir, se dissoudre au détour d’un tour de magie. L’évêque à la Rolls se noie en recettes de cuisine, les nobles ruinés se louent pour une soirée, la sainte échoue en des lieux interlopes, la génération Facebook n’a pas d’amis.

Si le temps fut l’un des thèmes principaux de ce Festival, Sorrentino le décline comme nul autre, en particulier à l’aune d’une exposition qui, jour après jour, le met en scène à travers un unique visage, mille fois photographié. Un parcours qui trace un trait d’union entre les regrets : « Tout ce qui m’entoure meurt. » et l’espérance en un quelconque demain : « L’avenir est merveilleux. »

Hymne à la beauté et à la laideur, La Grande Bellezza nous dit, avec maestria, que rien n’est sérieux et que tant que la vie est là, mieux vaut la faire sourire.

Marie-Jo Astic


 

 


2h30 - Italie, France - Scénario : Paolo SORRENTINO, Umberto CONTARELLO - Interprétation : Luis TOSAR, Carlo VERDONE, Toni SERVILLO.

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