Queen and Country
de John Boorman
Quinzaine des Réalisateurs


Sortie en salle : 7 janvier 2015




« Ils ne nous briseront pas »

Après un rapide clin d’œil à Hope and Glory, par le biais d’un film d’archives diffusant des images du Blitz à Londres en 1943, John Boorman, avec beaucoup de tendresse, se retourne encore une fois sur la grande Histoire, mais surtout sur la sienne propre, au moment charnière de la fin de l’adolescence et du début de l’âge adulte.

Nous voici donc en 1952. Bill a 18 ans, il vit avec sa famille, dans un cocon douillet et romantique, sur une petite île de rêve au cœur de la Tamise, à deux pas d’un studio de tournage. Il a la vie et ses promesses devant lui.

Mais dans le même temps, le capitalisme s’affronte au communisme, la Corée du Sud à celle du Nord et l’Angleterre est bien ancrée dans le conflit. Bill est donc appelé pour accomplir deux ans de service militaire en tant que sergent instructeur dans un camp qui prépare les soldats à partir en mission au front. Rebelle face aux institutions de la vieille Angleterre colonialiste, en butte contre l’immoralité de cette guerre dont les tenants et les aboutissants lui échappent, il se lie d’amitié avec Percy, trublion expert en frasques diverses et variées. Leur manque de conviction leur attire les foudres de Bradford, sergent-major psychorigide, selon le pléonasme de rigueur.

La pagaille qui préside aux exercices d’entraînement va pourtant devoir être rapidement maîtrisée, le temps imparti aux bleu-bites pour être aptes à partir au combat étant de six semaines.

Mais les permissions sont là pour instiller un peu de douceur dans ce monde de brutes, qui procurent – en raccourci – aux garçons de découvrir l’éventail des univers féminins : de l’amour inaccessible avec la trop belle Ophelia à l’aventure d’un soir avec les petites copines.

Carcans disciplinaires et liberté des premières amours se succèdent ainsi, John Boorman ayant délibérément opté pour le ton satirique, voire la franche comédie, à l’instar de la scène ou les jeunes recrues apprennent la dactylographie sous la dictée de l’affreux Bradford, l’homme à abattre. D’autres séquences pleines de charme, de piquant et de subtilité s’invitent au sein de la famille Rohan, aux personnages attachants, comme la délurée, sexy et glamour sœur de Bill, lorsque tous se retrouvent pour regarder à la télévision le couronnement d’Elisabeth II.

La reconstitution des décors, costumes, musiques, ainsi que de l’image lisse des fifties est particulièrement réussie et on sent le plaisir avec lequel le réalisateur vétéran a donné cours à sa nostalgie : pour la jeunesse, pour l’amitié, pour l’amour, pour la vie qui commence.

Marie-Jo Astic

 

 


1h54 - Royaume-Uni - Scénario : John BOORMAN - Interprétation : Calleb LANDRY JONES, Callum TURNER, Pat SHORTT, David THEWLIS, Richard E. GRANT, Tamsin EGERTON.

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