Nos souvenirs
The Sea of Trees
de Gus Van Sant
Sélection officielle
En Compétition



Sortie en salle : 27 avril 2015


« Prière de consulter la police avant de décider de mourir ! »

Arthur Brennan (Matthew McConaughey) part précipitamment à l'aéroport et achète un billet simple pour Tokyo. Là-bas, il prend le train puis un taxi qui le conduisent jusqu'à la forêt d’Aokigahara, au pied du Mont Fuji. Cette « mère d'arbres » est connue pour être un lieu de suicides par pendaison. Des gardes forestiers sillonnent régulièrement le site à des fins de prévention. Alors qu’il a trouvé l'endroit qui lui semble parfait, Arthur aperçoit soudain un homme blessé et perdu (Ken Watanabe). Il se porte à son secours. Lui qui était décidé à mourir va devoir aider cet homme, Takumi, à survivre... « J'ai d'abord eu envie de parler du lieu avant même d'imaginer les personnages », a déclaré Chris Sparling, le scénariste. Étrange d'un point de vue géographique, cette destination véridique est aussi un espace mystérieux, baigné de spiritualité, et qui lui a paru idéal pour inspirer une fiction. C'est alors que se sont associés au projet Gus Van Sant et les producteurs Gil Netter (L'Odyssée de Pi) et Ken Kao. Le premier quart d'heure laisse présager un trip suggestif de la trempe de Gerry, qui avait été un sommet de la période créative de Gus Van Sant. Bien aidé par le chef-opérateur Kasper Tuxen, le cinéaste est à l'aise pour filmer une nature qui, sous une apparence protectrice, inspire les plus sombres desseins, et les échanges entre les deux hommes font, un temps, espérer l'un de ces insolites et touchants duos de cinéma..

Mais très vite, le spectateur déchante. La Forêt des songes s'enlise et est desservie par des flash-back lourdement explicatifs. On y apprend qu'Arthur était marié à Joan (Naomi Watts) dont la disparition a suscité en lui un deuil insoutenable... Des dialogues d'une académique banalité et des situations téléphonées ternissent la force du projet, d'autant plus que le retour aux séquences japonaises noient le film dans le sirop new age d'un certain cinéma hollywoodien. C'est fort dommage, car La Forêt des songes est, sur la forme comme sur le fond, une synthèse de l'univers du cinéaste. Le film est empreint de cette mélancolie que l'on trouve dans toute son œuvre, et le comportement suicidaire d'Arthur fait écho au désœuvrement de Matt Dillon dans Drugstore Cowboy, River Phoenix dans My Own Private Idaho, Matt Damon dans Will Hunting, Michael Pitt dans Last Days, voire le jeune Gabe Nevins dans Paranoid Park. Le thème de la nature est dans le prolongement du scénario écolo de Promised Land, le précédent film de Van Sant. Enfin l'œuvre combine le classicisme grand public de Harvey Milk et le ton plus intimiste de Restless dont le thème de la mort était déjà explicite. Pour ces raisons, La Forêt des songes a sa cohérence dans la filmographie de Gus Van Sant, en dépit de son apparence de « grand film malade », selon la formule de Truffaut. Malgré la déception, le film ne méritait donc pas les sifflets de certains ricaneurs...

Gérard Crespo

 



 

 


1h50 - États-Unis - Scénario : Chris SPARLNG - Interprétation : Matthew McCONAUGHEY, Ken WATANABE, Naomi WATTS, Jordan GAVARIS, Katie ASELTON.

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