Grease
de Randal Kleiser
Sélection officielle
Cannes Classics
Cinéma de la Plage







« Summer lovin' had me a blast
Summer lovin' happened so fast
 »

À la fin des vacances d'été, les amoureux Danny Zuko (John Travolta) et Sandy Olsson (Olivia Newton-John), une Australienne de bonne famille, doivent se séparer. À son retour au lycée Rydell, le jeune homme retrouve sa bande, les T-birds, blousons de cuir et cheveux gominés. Les parents de Sandy ayant décidé de s'installer aux États-Unis, la demoiselle intègre la même école... Adapté d’une comédie musicale qui avait triomphé à Broadway au début des années 70, Grease fut le second grand succès cinématographique de John Travolta, un an après La Fièvre du samedi soir. Pourtant, le film n’exploite pas le filon de la mode disco, et se réfère à un style musical emprunté au rock'n roll et aux musicals des années 50, l’action du scénario se déroulant au cours de cette décennie. Dès la première séquence sur la plage, on ne sait si l’on a affaire à une sucrerie kitsch ou à une parodie de série B musicale, à l’instar de la démarche qu’auront Paul Verhoeven pour la science-fiction (Starship Troopers) ou Michel Hazanavicius avec le film d’espionnage (les nouveaux OSS 117). Très vite, le premier degré semble la démarche évidente du réalisateur, Randal Kleiser, obscur tâcheron qui commettra des nanars historiques, tels Le Lagon bleu ou Chérie, j’ai agrandi le bébé. Certes, on décèle bien, au détour de quelques chansons, une parodie des teen movies interprétés naguère par Sandra Dee et Troy Donahue (et par la suite justement oubliés), mais on est davantage dans le registre de l’hommage que du second degré. Quarante ans après sa sortie, l’œuvre a plutôt bien vieilli, même si elle demeure un ouvrage mineur. Et une curieuse mise en abyme s’installe, le spectateur de 2018 pouvant éprouver un sentiment nostalgique face à un film de mode de 1978 ayant pour cadre la jeunesse de 1958…

Car les années 70 avaient été marquées par une importante mouvance « rétro » : Grease est ainsi dans la lignée de la comédie American Graffiti de George Lucas ou la série Happy Days. Des années 50, le métrage retient la contradiction entre la bienséance des mœurs (Danny et Sandy resteront chastes pendant toute l'histoire) et le désir de liberté et de danger de la jeunesse, la course-poursuite en voitures faisant écho à La Fureur de vivre de Nicholas Ray. Ceci dit, l’esthétique de Grease renvoie davantage à des produits aseptisés comme Le Rock du bagne de Richard Thorpe, avec Elvis Presley, tant le métrage est lisse et le filmage banal. Mais on appréciera toujours le charme de certains chansons devenues culte avec les années (la séquence Summer Nights reste un régal). Au final, on aurait tort de bouder cette comédie musicale imparfaite mais emblématique d’une époque. John Travolta ne devait plus connaître de succès musicaux au cinéma, les pathétiques Staying Alive et Second chance ayant été de cuisants échecs au début des années 80. Il faudra attendre Pulp Fiction de Quentin Tarantino pour voir sa carrière connaître un second souffle, dans un autre registre. Quant à sa partenaire Olivia Newton-John, elle ne fut qu’une étoile filante… Grease a été l’objet d’une restauration numérique 4K à partir du négatif caméra original. Il sera projeté au Cinéma de la Plage en présence de John Travolta qui animera par ailleurs une des masterclass du Festival.

Gérard Crespo



 

 


1978 - 1h50 - États-Unis - Scénario : Allan CARR, Bronte WOODARD, d'après la comédie musicale de Jim Jacobs et Warren Casey - Interprétation : John TRAVOLTA, Olivia NEWTON-JOHN, Stockard CHANNING, Jeff CONAWAY, Andy TENANT, Lorenzo LAMAS, Eve ARDEN, Joan BLONDELL, Barry PEARL, Michael TUCCI, Kelly WARD, Didi CONN, Sid CAESAR.

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