Walk away, Renée
de Jonathan Caouette
Semaine internationale de la critique
Séance spéciale



Sortie en salle : 2 mai 2012




Tout sur ma mère

Walk away Renée, du titre d'une chanson américaine sur l'impossible amour perdu, est moins une suite de Tarnation qu'une nouvelle variation autour du thème de la mère du cinéaste. Projection la plus tendance de la Semaine de la Critique, précédée d'un court-métrage (Mourir après toi) du tonique Spike Jonze, le documentaire a opéré son petit effet sur la Croisette...

On y retrouve l'approche de Tarnation, à savoir un trip sous acide croisant documentaire, fiction et road movie, et ce dans un tourbillon psychédélique de photos, films en Super 8, messages sur répondeur, panneaux explicatifs, journaux vidéo et aperçus de la pop culture américaine. En compagnie de sa mère, Renée, qui souffre de maladie mentale, Jonathan Caouette entreprend un voyage pour la déménager de Houston à New York. Les obstacles qu'ils rencontrent sur leur route sont entrecoupés de retours en arrière qui éclairent une relation mère-fils hors du commun.

Loin des hôpitaux psychiatriques qui l'ont anéantie à force d'électrochocs, Renée, prématurément vieillie et dopée au lithium, s'invente des vies d'actrices quand elle n'insulte pas son fils ou s'enferme dans un mutisme autiste.

Les rapports qu'elle entretient avec lui ne sont pas sans évoquer le lien entre les sœurs Bonnaire dans Elle s'appelle Sabine : cet autre bijou sur les troubles psychiques et ses effets sur un proche de la famille montrait déjà le besoin de filmer pour en faire un témoignage autant qu'une thérapie affective.

Entouré d'une petite équipe, Jonathan Caouette avait préparé une planification précise de son tournage avant de digitaliser ses rushes et d'effectuer un montage saisissant, qui met en lumière son goût des univers parallèles et alternatifs. Il semblerait alors que Walk away René soit aussi un film de transition, anticipant l'immersion du cinéaste dans un nouveau genre : « Ce qui m'intéresse c'est de faire des films qui reproduisent des paysages oniriques, en particulier cet état d'esprit à moitié éveillé et à moitié endormi quand une chanson pénètre votre esprit », a déclaré le réalisateur. Son poème, voyage spatio-temporel hallucinatoire au confluent de la beat generation et de celle d'Internet n'est-il pas déjà, avec Melancholia, le plus beau film de science-fiction du Festival ?

Gérard Crespo


1h30 - Etats-Unis, France, Belgique -Documentaire

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